Procès Sorella : larmes et confusion

Par Valérie Gonthier\Agence QMI
Contradictions, trous de mémoire, confusions, état de choc: le passage trouble de la mère d’Adèle Sorella à la barre des témoins a donné du fil à retordre à la Couronne et pourrait devenir un témoignage clé pour la défense.
Teresa Di Cesare a été l’une des dernières à voir vivantes ses petites-filles, Amanda et Sabrina De Vito. Et elle a aussi été l’une des premières à les retrouver assassinées dans leur salle de jeu, quelques heures plus tard.
La femme de 69 ans a témoigné lundi et mardi au procès de sa fille, Adèle Sorella, accusée du meurtre prémédité de ses filles âgées de neuf et huit ans.
Lors de son témoignage, Mme Di Cesare oubliait des informations ou se contredisait par rapport à des déclarations qu’elle avait faites auparavant. Parfois émotive, parfois irritée, elle répondait tant bien que mal aux questions de la Couronne.
«Je ne me rappelle pas de ces choses-là. Et je voudrais ne jamais m'en souvenir», a-t-elle lancé, en larmes, lorsque questionnée sur la découverte des corps des enfants.
Peu satisfaite des réponses reçues, Me Maria Albanese a tenté d’éclaircir certains aspects flous du témoignage, en insistant sur les derniers moments du témoin avec les victimes, le matin du 31 mars 2009.
Trous de mémoire
Selon Mme Di Cesare, lorsqu’elle a quitté la maison ce matin-là, les filles attendaient leur mère pour se rendre à l’école. Tout semblait normal, a-t-elle dit en Cour mardi. Or, cette version contredit celle qu’elle a donnée aux enquêteurs quelques heures après la mort des filles.
La vidéo de cette rencontre a été présentée au jury. Le témoin y explique qu’Amanda et Sabrina lui ont dit qu’elles devaient se rendre chez le médecin avec leur mère. Plus tard, Adèle Sorella devait l’accompagner à un rendez-vous à Montréal. Mais elle ne s’est jamais présentée. Sorella s’est excusée en disant que ça avait «été plus long avec les filles», avait expliqué Mme Di Cesare à l’époque, aux policiers.
Une information qui semble maintenant effacée de la mémoire du témoin.
«Cette soirée-là (le soir du drame), je me souviens que je parlais, je parlais. Mais de quoi? Je ne sais pas», a justifié la femme.
La voyant visiblement ébranlée, la juge Carol Cohen lui a proposé de prendre une pause. La mère de l'accusée a refusé. «Non! Non! Je voudrais en finir, c'est tout», a-t-elle lancé, visiblement affectée.
Les contradictions et trous mémoire du témoin ont semblé profiter à la défense hier. Me Pierre Poupart a fait dire à la mère de sa cliente que le témoignage qu’elle a rendu sous serment était «la vérité». Celui où elle dit que les enfants devaient aller chez le médecin le matin avant leur mort est donc faux, a suggéré Me Poupart.
«Je crois à l’importance du serment, sinon, pourquoi jurer la main sur la Bible?», a-t-elle dit.
Si elle a donné une version contradictoire aux policiers, c’est qu’elle était «ébranlée» par les événements, a-t-elle dit.
«J’en tremblais», a ajouté la femme.
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