Procès Sorella : l'avocat de l'accusée tente de semer le doute dans la tête des jurés

Par Valérie Gonthier\Agence QMI
Adèle Sorella a davantage le profil d’une mère dépressive et suicidaire que d’une tueuse qui a commis le meurtre parfait de ses enfants, a martelé la défense lundi, au palais de justice de Laval, semant au passage le doute sur la preuve de la Couronne.
«Avez-vous eu, dans cette cause, le portrait d’un assassin? Celui de la meurtrière parfaite qui a commis un meurtre demeurant un mystère et une énigme pour la médecine et la science? C’est inconcevable!», a dit avec insistance Me Pierre Poupart, qui défend Adèle Sorella, accusée des meurtres prémédités de ses filles Amanda et Sabrina De Vito.
Son avocat a débuté sa plaidoirie ce lundi à son procès.
Selon lui, le scénario de crime parfait présenté par la Couronne est pour le moins «incompatible» avec le portrait de «mère suicidaire et dépressive» de Sorella.
«Est-ce que cet état dépressif est celui de quelqu’un qui commet le meurtre parfait? Ça ne fait aucun sens», a-t-il dit.
Adèle Sorella a en effet tenté plus d’une fois de s’enlever la vie. Sa première tentative de suicide serait survenue à peine 48 heures après la cavale de son conjoint Giuseppe De Vito en 2006. Elle aurait ensuite tenté de se suicider à deux autres reprises entre la fuite de son mari et la mort de ses enfants le 31 mars 2009.
Mais malgré l’état fragile de Sorella, Me Poupart a insisté sur le fait qu’elle aimait ses filles, qu’elles étaient «sa raison de vivre». D’ailleurs, plusieurs l’ont décrite comme une bonne mère, a-t-il rappelé. «Pas comme un assassin qui a planifié chaque détail comme un tueur à gages», a-t-il insisté.
L’avocat de Sorella a relevé plusieurs éléments qui démontrent, selon lui, que sa cliente n’avait pas l’attitude de «quelqu’un qui va tuer ses enfants» peu avant qu’elles ne soient retrouvées mortes chez elles.
D’abord, la femme avait hâte au spectacle de danse des filles, prévu quelques jours après le drame. De plus, elle préparait depuis des semaines la première communion de la plus jeune. Sorella «en rêvait», selon son avocat. Elle avait d’ailleurs déjà acheté les souliers et la robe de Sabrina pour la grande célébration.
«C’était quand même éloquent et révélateur de ce qui habitait Adèle Sorella 48 heures avant le drame», a-t-il dit.
Tout au long de la journée de lundi, Me Poupart a repris un à un plusieurs témoignages clés entendus lors du procès qui a débuté fin avril. Il a attiré l’attention du jury sur des contradictions, questions ou doutes que soulève, à son avis, la preuve de la Couronne, de la cause des décès indéterminés à la fiabilité de certains témoins, en passant par diverses hypothèses, dont une soutenant qu’une tierce personne aurait pu s’introduire chez Sorella le jour du drame.
En début de plaidoirie, il a d’ailleurs rappelé plus d'une fois l'importance capitale de la présomption d'innocence.
«La présomption d'innocence est un remède contre l'arbitraire et la puissance de l'État», a-t-il dit, avec insistance.
Me Pierre Poupart doit poursuivre sa plaidoirie ce mardi.
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