La famille d’Adèle Sorella veut l’argent

Par Valérie Gonthier\Agence QMI
La famille d’Adèle Sorella veut mettre la main sur les dizaines de milliers de dollars retrouvés un peu partout dans la maison et saisis par les policiers dans les heures suivant la mort de ses filles.
Sous des matelas, dont celui de la plus vieille des petites victimes, dans des garde-robes, des armoires ou dans le tiroir d’un bureau, des liasses de billets de 20 $, 50 $ et même 100 $ ont été saisies par les policiers peu après les décès de Sabrina et Amanda De Vito le 31 mars 2009.
Les corps ne présentaient aucune trace de violence. Croyant qu’il s’agissait d’un empoisonnement, les policiers ont donc fouillé l’imposante maison, à la recherche d’un produit illicite qui aurait pu causer leur mort.
En explorant chaque pièce, chaque recoin de la maison sur la chic rue de l’Adjudant à Laval, ils ont mis la main sur des piles d’argent. Il y en avait pour près de 100 000 $.
Dans une requête déposée à la Cour du Québec quelques mois après le drame, le frère et la mère d’Adèle Sorella demandent à récupérer le tout. Enzo Sorella et Teresa DiCesare prétendent être les «légitimes possesseurs» de la somme totale qu’ils évaluent à 97 321 $.
Selon eux, les billets saisis «ne sont d’aucune pertinence dans le cadre de la preuve de la poursuite». Le frère de Sorella demande qu’on lui remette 22 000 $. Sa mère réclame le reste, soit plus de 75 000 $. Le jury qui est séquestré (voir autre texte), ignore l’existence de cette requête.
Confisqué?
Mais cet argent ne leur sera pas versé de sitôt. L’affaire pourrait en effet être plaidée en cour afin de déterminer si une confiscation des biens saisis est ordonnée.
Un juge pourrait en décider ainsi s’il est prouvé que l’argent est «teinté par la criminalité», a expliqué Jean-Pascal Boucher, porte-parole du Directeur des poursuites criminelles et pénales.
Lors de l’interrogatoire policier quelques heures après son arrestation le 1er avril 2009, Adèle Sorella a été questionnée par un enquêteur, au sujet de l’argent caché chez elle. Elle disait ne rien savoir.
«Qui aurait pu mettre autant d’argent sous le lit de votre fille?», a demandé le sergent-détective François-Guy Delisle.
«Je ne sais pas. À moins qu’elle ait pris l’argent de sa première communion», a répondu Sorella.
«Que dites-vous de 100 000 $ ?», a renchéri le policier.
Lors du procès, le jury a appris qu’Adèle Sorella s’était procuré une chambre hyperbare en 2008, pour traiter l’arthrite juvénile de Sabrina. Elle l’avait payée en argent comptant, au coût de 24 000 $, a témoigné une amie de l’accusée.
Rappelons que le père des victimes est le mafieux Giuseppe De Vito. Au moment du drame, l’ex de Sorella était en cavale depuis plus de deux ans. Il a été arrêté en 2010. Il purge présentement une sentence de 15 ans pour trafic de cocaïne.
Cette requête ne sera gérée qu’une fois le verdict du procès rendu, s’est contentée de dire Marlène Archer, procureure de la Couronne.
Le jury est séquestré
Le sort d'Adèle Sorella est maintenant entre les mains des 12 jurés chargés de la juger. Les sept femmes et cinq hommes doivent commencer à délibérer vendredi.
La juge Carol Cohen a ouvert quatre choix de verdict: coupable de meurtres prémédités, coupable de meurtres au deuxième degré, coupable d’homicides involontaires ou non-coupable.
Ce n’est qu’à la fin d’une longue journée de directives, où toute la preuve a été résumée par la juge, que le jury a été séquestré, jeudi. Après plus de sept semaines de procès, ils doivent maintenant juger Adèle Sorella, accusée d’avoir tué ses filles, Amanda et Sabrina De Vito.
Unanime
Les jurés resteront séquestrés jusqu’à ce qu’ils en arrivent à un verdict unanime. Mais ils n’ont pas à s’entendre sur la cause de décès des enfants.
Si la Couronne a présenté des hypothèses afin d’expliquer comment les fillettes âgées de huit et neuf ans ont pu mourir, la cause de leur décès reste en effet indéterminée. Aucun expert qui a témoigné au procès n’a pu élucider ce mystère.
La Couronne privilégie la thèse voulant que les enfants soient mortes par privation d’oxygène dans la chambre hyperbare.
La défense a pour sa part plaidé que la preuve ne prouve pas que Sorella est coupable.
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