Place Bell : les vérificateurs se penchent sur l’OBNL

Par Mathieu Courchesne
Après avoir fait part de leurs premières conclusions concernant l’octroi par la Ville d’une subvention de plus de 73 M$ pour la réalisation de la Place Bell, les vérificateurs spéciaux du gouvernement se penchent maintenant sur le cas de la Cité de la culture et du sport de Laval.
L’organisme à but non lucratif (OBNL) a été chargé par la Ville de Laval de construire et de gérer une partie des opérations du nouvel amphithéâtre.
Cet OBNL a été la cible de nombreuses critiques au cours des dernières semaines. Les partis de l’opposition ont notamment accusé la Ville de se ranger derrière cet organisme pour cacher de l’information aux Lavallois.
La porte-parole du ministère des Affaires municipales confirme que les vérificateurs spéciaux se pencheront sur le cas de la Cité de la culture et du sport de Laval dans les prochaines semaines.
«Tant qu’à faire une vérification dans ce dossier, on va la faire au complet, explique Émilie Lord. Nous voulons voir ce qui va ressortir de ça.»
Mme Lord estime que la vérification allait de soi et qu’elle n’a pas été rendue nécessaire en raison de quelconques découvertes faites jusqu’à présent par les vérificateurs.
L’OBNL souhaite collaborer
La Cité de la culture et du sport de Laval collaborera à l’enquête, soutient son porte-parole Jean Gosselin. «Nous avons reçu une lettre hier (le 20 décembre) à cet effet-là, indique-t-il. Nous allons collaborer comme on le fait depuis le début. Il n’y a aucun problème de notre côté.»
Impossible pour le moment de savoir quelle forme prendra la vérification et si des rencontres sont prévues entre les gestionnaires de l’OBNL et les vérificateurs.
«Nous allons laisser les vérificateurs décider eux-mêmes de la marche à suivre», a indiqué M. Gosselin.
Rapport de vérification
Par ailleurs, les vérificateurs spéciaux mandatés par Québec ont déposé leur premier rapport de vérification au ministère des Affaires municipales.
Concernant le financement municipal de la Place Bell, les vérificateurs indiquent qu’une «contribution de la Ville [au projet d’amphithéâtre] a été proposée par le comité exécutif au conseil municipal le 6 mars 2012. Elle a été adoptée par le Conseil municipal le 14 mars 2012.»
Le rapport conclut qu’il «n’y a pas eu d’irrégularités dans le processus suivi par la Ville pour autoriser le versement de cette contribution».
Vérification faite, le conseil municipal a bel et bien tenu une assemblée extraordinaire le mercredi 14 mars dernier. Au cours de cette assemblée, les élus ont adopté une résolution affirmant que «la Ville de Laval s’engage à contribuer le solde du financement requis» pour le «projet de complexe multifonctionnel culturel et sportif».
Le montant du «solde» à verser par la Ville n’est pas précisé. La résolution indique cependant que le projet est évalué à 120 M$ et qu’il comprend une demande de subvention du gouvernement du Québec de 46 M$.
Au final, la Ville de Laval a donné une enveloppe budgétaire de 73 683 750 $ à la Cité de la culture et du sport de Laval pour la réalisation du complexe, qui comprendra un aréna de 10 000 sièges transformable en salle de spectacle, une glace olympique comptant 2 500 sièges et une glace communautaire pouvant accueillir 500 spectateurs.
Quant aux 32 M$ annoncés par les partenaires privés, Bell et evenko, ils ne sont pas compris dans le montage financier final de 120 M$.
L’opposition se réjouit
Les deux partis de l’opposition à Laval se réjouissent de la décision du ministre des Affaires municipales.
«On pense que c’est très sage de la part du ministre, a indiqué Marc Demers, porte-parole et conseiller spécial du Mouvement lavallois (ML). Le ministre assume ainsi sa responsabilité de rassurer la population lavalloise.»
Selon M. Demers, si le ministre a décidé d’élargir le mandat des vérificateurs, c’est qu’il doit y avoir des «motifs» qui le poussent à agir.
«Vous en connaissez combien de villes au Québec qui ont besoin que des vérificateurs se penchent sur leur gestion? a demandé le porte-parole. Pendant ce temps-là, les élus font comme si tout allait bien. C’est très inquiétant.»
Pour sa part, le chef du Parti au Service du Citoyen (PSC), Robert Bordeleau, estime que c’est «une très bonne chose» que les vérificateurs approfondissent leurs vérifications.
Il soutient que le ministre Sylvain Gaudreault répond à une de ses demandes. «C’est l’ensemble du dossier de l’amphithéâtre qu’il faut regarder», a-t-il expliqué. M. Bordeleau déplore que le détail du budget de l’OBNL ne soit pas rendu public dans le budget de la Ville de Laval et espère que les vérificateurs pourront y voir plus clair.
«En élargissant le mandat des vérificateurs, il va pouvoir aller examiner plus profondément où va l’argent des contribuables», a-t-il indiqué.
Les deux partis dénoncent le manque de transparence de la Ville et de la Cité de la culture et du sport de Laval.
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