Femmes et politique, un bon ménage?

Par Claude-André Mayrand
À l’aube du début de la campagne municipale, 23 candidates féminines ont confirmé leur candidature dans l’une ou l’autre des formations politiques autorisées ou comme candidates indépendantes, contre plus de 45 hommes. Est-ce trop difficile pour les femmes de faire le saut en politique active?
C’est ce qu’a laissé sous-entendre le chef du Nouveau parti des Lavallois (NPL), Guy Landry, au moment de présenter une partie de son équipe, le 29 août dernier.
«Les femmes ont de très bonnes idées en politique […] sauf qu’elles ne sont pas prêtes à faire la campagne électorale», avait-il affirmé à L’Écho de Laval pour justifier la faible représentation féminine dans son équipe, qui compte 17 candidats officiels, dont seulement trois femmes.
«Ce n’était pas une citation très habile, mais en ce qui me concerne, j’étais réticente à m’embarquer par manque de temps et par crainte de ne pas avoir le réseautage nécessaire pour faire la campagne, explique Nicole Caron, candidate du NPL dans Duvernay-Pont-Viau. Je crois qu’il a voulu illustrer ma propre situation, mais je ne crois pas que c’était un jugement négatif sur les femmes.»
Pour Carole Grenier, le défi politique le plus difficile à affronter au moment de se lancer était la sollicitation, notamment le porte-à-porte.
«Je crois que les hommes sont plus fonceurs et que les femmes n’ont pas la même approche, mais j’en fais présentement et je n’ai aucune difficulté, avoue la candidate du Parti au service du citoyen dans Saint-Martin. Les femmes commencent à avoir des modèles auxquels s’identifier et les succès m’encouragent à continuer.»
«Une perception erronée»
Pour la candidate du Mouvement lavallois dans Auteuil, Jocelyne Frédéric-Gauthier, et la candidate indépendante dans Sainte-Dorothée, Noemia Onofre De Lima, Guy Landry explique de la mauvaise façon sa difficulté à recruter des femmes.
«C’est une perception erronée, déclare Mme De Lima. C’est plus difficile pour une femme, oui, mais je crois que M. Landry n’a pas cherché au bon endroit les femmes qui veulent faire de la politique, car il y en a.»
«Je suis même passé par l’investiture pour me lancer en politique, précise Mme Frédéric-Gauthier. Je fais mes porte-à-porte à tous les jours et la campagne ne m’a jamais fait peur.»
Anne-Marie Tougas croit que les femmes ont tous les atouts pour exceller en politique.
«La politique, c’est servir le citoyen, et les femmes sont douées pour ça. Quand la politique sera définie comme telle dans la société, la participation des femmes va augmenter. Comme ce n’est pas ce que l’on voit, je crois que ça fait peur à certaines femmes», confie la candidate indépendante dans Sainte-Rose.
«Les femmes s’impliquent dans un paquet d’organisations politiques autres que des partis et sont habituées d’être en relation avec les gens et si elles peuvent avoir plus de difficulté à gérer les horaires, elles ne sont pas moins prêtes à faire une campagne», constate de son côté Monique Chartrand, candidate d’Action Laval dans Marigot.
Une réunion pour en discuter
Toutes les candidates ont été rencontrées à l’occasion d’un brunch tenu à l’invitation de la députée de Sainte-Rose, Suzanne Proulx, dimanche le 8 septembre.
Le repas avait comme objectif de discuter de l’implication des femmes en politique et de la nécessité d’être solidaires en même temps d’être adversaires.
«Je crois que M. Landry a raison quand il dit que les femmes ont plus de réticence que les hommes, et c’est pour cela qu’on se rencontre aujourd’hui (dimanche) pour discuter de nos situations, de ce qui peut nous freiner et de ce qui pourrait être mis en place pour attirer plus de femmes en politique, précise l’adjointe parlementaire de la ministre de la Condition féminine. Les femmes doivent être suffisamment confiantes pour argumenter et défendre leurs idées, poursuit-elle. La politique est un milieu non traditionnel pour elles et le jour où nous serons suffisamment nombreuses, notre place sera plus facile à prendre», conclut-elle.
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