Centre jeunesse de Montréal : collusion autour d'une piscine?

Par Michel Jean\Agence QMI
Le centre jeunesse Dominique-Savio à Montréal a fait construire une piscine extérieure au coût de 1 500 000 $. Un montant astronomique gonflé par des extra de centaines de milliers de dollars, a appris TVA Nouvelles. Le projet a été mené par Dessau et sa filiale Plania, dont le président est aujourd'hui accusé dans le cadre de l'opération Honorer.
Invisible de la rue, à l'abri des regards, la piscine ultramoderne du centre jeunesse situé dans le Nord de Montréal tranche avec la vétusté de l'édifice qui accueille 140 jeunes.
Une piscine à l'eau salée, chauffée, dotée des jeux d'eau les plus sophistiqués et d'un système filtration entièrement automatisé, le nec plus ultra en la matière. Seul problème, la facture aussi est salée: 1 500 000 $.
Ce n'est toutefois pas «juste une piscine» précise le directeur des services administratifs du Centre jeunesse de Montréal, Henri Derome. «Il y avait une cabane à construire, les égouts à construire, et la salle de bain», explique-t-il.
Avant cette construction, le centre jeunesse possédait deux piscines hors terre. Pour les remplacer par une installation creusée, il a fallu faire des travaux de drainage qui ont coûté 300 000 $. Le bâtiment qui abrite la machinerie et les quatre cabines pour se changer ont coûté plus de 200 000 $, des coûts qui avoisinent ceux de certaines propriétés résidentielles.
Collusion dans les soumissions?
Quand les premières soumissions sont entrées, la direction a trouvé la facture trop salée. «On a annulé l'appel d'offres sur le premier projet et on y est retourné en séparant la construction de l'édifice et la construction de la piscine», explique M. Derome.
Mais ce deuxième appel d'offres n'a pas généré une baisse significative des coûts.
C'est Plania, une filiale de Dessau, dont le dirigeant Claude Asselin, ancien bras droit de Gilles Vaillancourt, a été arrêté en même temps que lui et accusé de gangstérisme, qui a hérité de la préparation des plans du projet.
Les entreprises se sont-elles entendues entre elles pour fausser l'appel d'offres, comme on l'a vu ailleurs? La direction du centre jeunesse croit que c'est possible, mais n'en avait pas le moindre indice à l'époque.
«La construction de la piscine c'était en 2010. Les affaires de Laval on n'en avait jamais entendu parler, les affaires de Montréal on n'en avait jamais entendu parler... que la mafia était là-dedans, on n'avait jamais entendu parler de ça», clame le directeur des services administratifs.
300 000$ en extra
Le projet a aussi généré 300 000$ d'extra, selon des documents obtenus par TVA Nouvelles via la Loi sur l'accès à l'information.
Cette histoire montre aussi que pendant des années, les administrateurs d'institutions publiques comme le centre jeunesse Dominique-Savio ont donné leur aval à des projets aux coûts astronomiques comme une piscine à 1 million et demi de dollars en pensant que c'était normal.
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.