La vie difficile d’une famille lavalloise déportée

Par Christopher Nardi
Déportés au Mexique en janvier dernier après avoir vécu cinq ans au Canada, les membres de la famille Reyes Mendez n’ont pas la vie facile. Se disant marqués en tant que cibles depuis leur retour du Canada, les quatre Mexicains craignent maintenant quotidiennement pour leur vie.
Établie au Québec pendant cinq ans, la famille mexicaine a fui son pays d’origine après que le père eut été kidnappé à trois reprises et que plusieurs menaces furent proférées à leur égard par des membres de gang de rue, qui travailleraient de pair avec les forces policières.
«Mon mari s’est fait kidnapper trois fois avant de venir au Canada, la dernière fois même avec notre fils, a déploré Marisol Mendez. Lorsque nous voulions déposer une plainte, les policiers riaient de nous. Qu’est-ce je vais faire alors si ça arrive encore à mon mari, à mon fils ou même à ma fille? C’est vraiment terrible. Alors nous sommes partis.»
Par contre, après un long combat juridique, le gouvernement canadien leur a refusé le statut de réfugié, forçant ainsi les quatre Lavallois à retourner à leur pays d’origine. Cette décision fédérale n’est toutefois pas sans conséquence pour les Reyes Mendez, qui craignent même quitter leur maison seuls à cause du climat de violence qui règne dans leur entourage.
«Je n’aime pas que mes enfants sortent de la maison seuls, même pour se promener, a raconté l’ex-Lavalloise. On essaye de toujours partir la famille ensemble parce qu’ici, tout le monde nous connaît. Ils savent qu’on revient d’un autre pays […] ils pensent, qu’on a plein d’argent. Mais même s’ils pensent qu’on a juste un peu d’argent, les gens sont capables de tuer.»
La perception des gens à leur égard a beaucoup changé depuis leur retour, a poursuivi Mme Mendes. Elle et son mari, qui ont 38 ans et 42 ans respectivement, ont beaucoup de misère à trouver un emploi. «Les gens croient que nous sommes un danger maintenant», a-t-elle expliqué.
«On ne peut pas se faire une vie, on ne peut pas sortir tranquillement», a-t-elle ajouté.
Refus des réfugiés mexicains
La députée fédérale du comté Alfred-Pellan, Rosane Doré Lefebvre, qui a travaillé sur le dossier des Reyez Mendez jusqu’à leur déportation, a indiqué que les réfugiés provenant du Mexique sont maintenant rarement acceptés par le gouvernement canadien. Elle a également accusé le gouvernement conservateur de trop se fier au statut de pays sécuritaire du Mexique, car plusieurs réfugiés sont toujours exposés à un danger très réel.
«Les réfugiés en provenance du Mexique se sont souvent vu refuser l’accès au Canada parce que, selon le gouvernement conservateur, ce pays est sécuritaire et donc les gens qui y habitent ne sont pas en danger, a déclaré la députée lavalloise. Mais dans plusieurs cas, c’est complètement le contraire, comme dans le cas des Reyes Mendez. Je dirais qu’au moins six ou sept Mexicains sont déportés du Canada chaque semaine et que le pays est loin d’être aussi sécuritaire que le gouvernement l’indique.»
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