Cité de la culture et du sport : une majorité de candidats à la mairie en faveur de la réouverture de l’appel d’offres

Par Cédérick Caron, Claude-André Mayrand & Christopher Nardi
Alors que Québecor se bat devant les tribunaux pour faire invalider l’appel d’offres remporté par evenko pour la gestion du futur amphithéâtre de Laval, une majorité de candidats à la mairie sont eux aussi d’avis que le processus devrait être revu.
Le 1er octobre dernier, les avocats de Québecor déposaient une requête amendée en Cour supérieure soutenant que trois des membres du comité de sélection dans le processus d'attribution du contrat de l'amphithéâtre ont été impliqués dans un système de corruption à Laval.
Cette requête mentionne l’ancien directeur général de la Ville, Gaétan Turbide, et son directeur adjoint, Jean Roberge, de même que l’avocat Pierre L. Lambert. Ce dernier, qui agissait comme représentant légal de l’organisme de la Cité de la culture et du sport, a été arrêté et accusé dans le cadre du projet Honorer qui visait la présumée organisation criminelle de Gilles Vaillancourt. Les deux autres auraient évité les accusations en acceptant de collaborer avec l’Unité permanente anticorruption (UPAC), selon la requête.
«L’argumentaire de Québecor n’est pas dénué de sens, mais de notre côté nous voulons rester détachés d’evenko et de Québecor Média», a expliqué le chef du Mouvement lavallois, Marc Demers, qui a lui aussi déposé une requête devant les tribunaux. «Nous croyons que le projet devrait être révisé pour deux raisons fondamentales : le manque de transparence du processus et nous ne voulons pas que la Ville offre un remboursement de taxe à l’exploitant», a-t-il ajouté.
«Je ne sais pas si, légalement, on peut tout refaire, a jouté pour sa part le chef du Nouveau parti des Lavallois, Guy Landry. Mais par souci de la transparence, ça ne paraît pas bien. Si on est en mesure de recommencer le processus, on devrait le faire. Dans ce cas, on n’a pas nécessairement l’apparence que tout a été fait selon les règles de l’art. Malheureusement, il y avait des gens impliqués dans le processus qui n’avaient pas une éthique nécessairement élevée.»
Changement de terrain
Une première requête avait été déposée en 2012, Québecor se plaignant que le site prévu pour la construction de l’amphithéâtre a été modifié après le processus d’appel d’offres.
«Nous sommes le premier parti d’opposition à avoir demandé la réouverture de l’appel d’offres au conseil de Ville, car on change d’endroit», a affirmé le chef du Parti au service du citoyen, Robert Bordeleau.
«Le nouvel endroit est placé plus stratégiquement par rapport au métro, et la part lavalloise augmentait de 30 millions $ dans le projet. La réouverture aurait permis à Québecor et Bell [partenaire d’evenko] de se battre entre eux et de bonifier leur projet, ce qui aurait permis aux citoyens lavallois paierait moins cher», a-t-il dit.
«Quand on change les règles du jeu, je crois que tout le monde devrait avoir la chance de rejouer. Je crois que l’appel d’offres devrait être rouvert. On ne reviendra pas en arrière, mais à la base, je ne crois pas que des fonds publics devraient être investis dans ce genre de projet», croit pour sa part le candidat indépendant et avocat, Marc-Aurèle Racicot.
Projet conforme
Conseillère municipale sortante et chef d’Option Laval, Claire Le Bel, qui a elle-même avoué avoir servi de prête-nom pour l’ancien parti de Gilles Vaillancourt, le PRO des Lavallois, a soutenu que le projet pour lequel elle a voté à l’époque est conforme.
«On ne devrait pas refaire l’appel d’offres, tout est conforme selon la Ville et le gouvernement québécois, donc on devrait aller de l’avant [avec le projet]. Il n’y a pas de problèmes pour moi. Au contraire, Laval a besoin d’une infrastructure à l’image de sa grande ville», a soutenu Mme Lebel.
Pour leur part, le candidat indépendant, Jacques Foucher, et le chef d’Action Laval Jean-Claude Gobé, préfèrent laisser le soin aux tribunaux de trancher ce débat «hautement judiciarisé».
Quant à elle, la candidate indépendante Hélène Goupil-Nantel a dit ne pas être au courant du dossier. Réjean Millette, lui aussi indépendant, a affirmé simplement qu’il faut «aller dans le sens du bien commun».