Lavallée-Accurso : un duo influent sur la SOLIM

Par Mélanie Colleu\Agence QMI
Un ex-PDG du bras immobilier du Fonds de la FTQ (la SOLIM) aurait été congédié pour avoir refusé de financer des projets poussés par le tandem Jean Lavallée - Tony Accurso.
Richard Marion est revenu sur les circonstances de son renvoi ce matin, au premier jour de son témoignage devant la commission Charbonneau. Après neuf ans à la tête de la SOLIM - la branche responsable des investissements immobiliers du Fonds de la FTQ - il a été convoqué dans le bureau de Jean Lavallée, alors président du conseil d'administration de la SOLIM et président de la FTQ-C.
«Tu n'as jamais rien fait pour moi, tu n'as pas engagé mon neveu et tu parles dans mon dos», aurait reproché M. Lavallée à son interlocuteur avant de lui dire de faire ses cartons. «Il m'a lapidé d'injures pendant dix minutes», a rapporté le témoin. Le tout en présence de l'entrepreneur Tony Accurso. «Il était blême, et mal à l'aise. Il regardait ses pieds», a confié le témoin.
Richard Marion ne semblait en effet pas suivre les plans du duo de choc Lavallée-Accurso. Il avait tout d'abord refusé de renouveler le contrat du neveu de Jean Lavallée, Stéphane, car son travail n'était pas satisfaisant.
Une semaine avant son renvoi, il s'était également opposé à ce que la SOLIM investisse dans la marina Brousseau, un lieu fréquenté par les Hells Angels.
Jean Lavallée souhaitait pourtant que Richard Marion soutienne ce dossier. Il en aurait même parlé à Guy Gionet - bras droit de M. Marion à l'époque - qui a tout de suite mis en garde son patron : «Écoute Richard, la marina, il n'est pas question de ne pas le faire. Il faut qu'on le fasse».
«Accurso avait son mot à dire»
La marina Brousseau n'est pas le seul projet dans lequel l'ex-PDG de la SOLIM a refusé d'investir. Il en a été de même pour la pourvoirie Joncas et l'immeuble du boulevard Couture à Saint-Léonard, deux dossiers qui lui avaient été fortement recommandés par l'inséparable tandem Jean Lavallée - Tony Accurso.
«J'ai l'impression que le refus d'investir dans certains dossiers a conduit à mon renvoi», ressent-il encore aujourd'hui, avec un brin d'amertume.
Mais Richard Marion n'a pas voulu reculer sur ses principes. Surtout lorsqu'il a appris que plusieurs hauts placés de la FTQ envisageaient d'acheter des appartements dans l'immeuble du boulevard Couture.
«Il y avait conflit d'intérêts et je ne crois pas que la SOLIM ait été créée pour faire plaisir aux gens de la FTQ», a-t-il mentionné au procureur de la commission, Me Simon Tremblay.
Lorsque M. Marion était à la tête de la SOLIM, il était régulièrement invité à Laval dans les établissements de l'entrepreneur Tony Accurso - au restaurant l'Onyx entre autres - avec M. Lavallée. Selon le témoin, «Accurso avait son mot à dire» dans les affaires du Fonds de la FTQ.
« Quand on me convoquait à Laval, ce n'était pas une bonne journée pour moi. Je m'attendais à des demandes particulières. Je n'aimais pas qu'on s'ingère dans mes projets, ou qu'on m'en présente d'autres», a-t-il expliqué à la barre.
Il a également raconté que M. Accurso l'appelait directement pour développer des projets avec la SOLIM. «Je veux tout» - sous entendus tous les projets qu'il était possible de faire - lui aurait dit l'entrepreneur.
Trahi par Guy Gionet
Selon M. Marion, son bras droit Guy Gionet - qu'il avait lui-même engagé - «coulait de l'information sur les dossiers de la SOLIM» à Jean Lavallée.
«Sa conduite a joué dans la balance, sans aucun doute. Il voulait mon poste», a expliqué le témoin à la commission.
M. Gionet a remplacé M. Marion à la tête de la SOLIM en 2004, et lui aurait ensuite barré la route à plusieurs reprises dans ses recherches d'emploi.
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