Les jeunes sont peu au courant des lois

Par Claude-André Mayrand
Si échanger des photos et des vidéos avec un téléphone cellulaire est monnaie courante chez les mineurs, leur niveau de connaissance des lois entourant cette activité est peu élevé.
C’est ce que L’Écho de Laval a constaté en s’entretenant avec quelques jeunes de troisième et cinquième secondaire de l’école secondaire Saint-Maxime, vendredi.
Jeudi dernier, dix adolescents de 13 à 15 ans ont comparu au Tribunal de la jeunesse de Laval pour répondre à des accusations de possession et distribution de pornographie juvénile.
Ils s’échangeaient des photos et vidéos de sept filles mineures de leur entourage.
«J’ai déjà échangé des photos avec ma copine dans le passé sans savoir que c’était illégal», affirme Miguel, 17 ans, qui croit que les illégalités que les jeunes de son âge gardent en tête concernent les fausses cartes et les cigarettes.
«On ne pense pas aux lois ni aux conséquences quand on s’envoie des photos ou des messages textes», précise-t-il.
Anne-Julie affirme que ses parents l’avaient déjà mise en garde avant de voir ce qui s’est passé aux nouvelles jeudi.
«Même les professeurs nous en ont parlé ce matin [vendredi], explique l’étudiante de secondaire 5. Je crois quand même que nous sommes mieux encadrés qu’on ne le dit.»
«Je ne savais pas que c’était illégal, mais ce n’est pas mon genre de faire ça», ajoute son amie Léa.
Appel à la vigilance
Les dix jeunes arrêtés jeudi matin fréquentent des écoles secondaires anglophones lavalloises de la Commission scolaire Sir-Wilfrid-Laurier. En après-midi, la directrice générale de la commission a réagi en rappelant l’importance de la vigilance des parents quant à l’utilisation de la technologie cellulaire et Internet par leurs enfants.
«Il faut en discuter ouvertement avec eux, surtout que ces accidents surviennent la plupart du temps à l’extérieur avant de revenir à l’école», rappelle-t-elle.
Nathalie Lorrain, porte-parole de la police de Laval, rappelle qu’il faut faire attention à qui on fait confiance dans ces situations.
«Les jeunes envoient une photo à leur chum ou leur blonde, mais ne se méfient pas, précise-t-elle. À l’adolescence, les couples ne durent pas éternellement. Que va faire ton chum à qui tu as envoyé une photo quand tu vas le laisser?»
La police communautaire visite fréquemment les écoles secondaires afin de mettre en garde les jeunes de l’utilisation de leur téléphone cellulaire.
«On leur dit de ne pas envoyer ce genre de photo-là et on les invite à se respecter eux-mêmes et à se respecter entre eux. Une fois envoyé, c’est trop tard après, conclut-elle, en rappelant que les effets négatifs peuvent suivre le destinateur de la photo longtemps. Ce n’est pas toujours récupérable.»
Retour en cour le 20 janvier
Les dix jeunes accusés se sont tous engagés à respecter les mêmes conditions de remise en liberté, soit l’interdiction de communiquer avec leurs victimes et d’utiliser un ordinateur ou un appareil électronique ayant accès à Internet, sauf en présence de leurs parents ou des autorités scolaires.
Les accusés doivent également s’abstenir de fréquenter un café Internet ou un endroit public où il y a des accès Internet.
Ils seront de retour en cour le 20 janvier prochain, à l’exception d’un accusé, qui se représentera le 22 janvier.
La procureure de la couronne, Me Karine Dalphond, a rappelé que les sentences pour ce genre de dossier sont semblables aux causes pour adultes.
«On parle d’heures de travaux communautaires, d’amendes, de détention, une panoplie de sentences qui peuvent être appliquées tout dépendamment des circonstances et des faits au dossier qui sont différents pour chacun», confie-t-elle.
À noter que la preuve n’a pas encore été remise à la couronne et aux avocats de la défense.
Snapchat, une application populaire
Plusieurs photos échangées par les jeunes fautifs et leurs victimes ont transité via l’application pour tablettes et téléphones intelligents Snapchat.
Il s’agit d’une application qui permet d’envoyer une photo qui s’affichera pendant une dizaine de secondes sur l’écran du destinataire. On peut toutefois faire une capture d’écran avant que la photo disparaisse.
«Faut vraiment être [mal intentionné] pour prendre une capture d’écran afin de la montrer au monde», confie Guillaume, 15 ans, qui utilise Snapchat avec ses amis. L’élève de troisième secondaire considère l’application comme étant «drôle et inoffensive».
Lancée en 2011, l’application distribue des millions de photos mensuellement et plus de 500 000 utilisateurs de Facebook sont abonnés à la page de l’application. Le populaire réseau social a offert 3 G$ pour acheter Snapchat, mais l’offre a été rejetée, le 13 novembre dernier.