Fauteuils roulants: cinq situations problématiques

Par Claude-André Mayrand
Le transport en commun
Selon Sylvain et Jessica, l’offre de services pour les personnes handicapées de la Société de transport de Laval (STL) aurait grandement besoin d’amélioration.
«Ça paraît bien socialement, mais en réalité, ça ne fait pas grand-chose», explique Sylvain Gamache.
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Seules les lignes 39 et 60 offrent ce service, et ce n’est pas chacun des autobus de ces lignes qui est muni d’une rampe d’accès pour faire monter un fauteuil roulant.
De plus, une seule personne à mobilité réduite peut profiter du service à la fois.
«Tu restes au coin de la rue et tu attends», précise M. Gamache lorsque questionné à savoir ce qu’il fait quand la place est déjà comblée ou si l’autobus n’est pas équipé pour ses besoins.
Il n’est pas possible d’avoir ces informations à l’avance.
De plus, il peut être difficile d’entrer dans l’autobus avec le fauteuil.
«Les gens dans l’autobus sont souvent impatients et leur langage corporel en dit beaucoup», ajoute Jessica au sujet de la tolérance des usagers.
Le stationnement réservé
«J’en ai juste pour deux minutes». Cette phrase, Sylvain et Jessica l’ont entendue à maintes reprises.
«C’est l’excuse typique des gens qui se stationnent sans vignette dans les espaces réservés, se désole Jessica. J’avais vu une pancarte une fois qui disait ‘‘Vous en avez pour deux minutes, mais moi j’en ai pour la vie’’. Ils devraient prendre mon fauteuil en même temps que ma place de stationnement.»
«On pourrait faire un reportage juste là-dessus, explique Sylvain. On voit des gens sortir de leur automobile et on se demande franchement quel handicap ils ont.»
Les automobilistes ne comprennent pas que c’est aussi une question de largeur d’espace de stationnement, en plus d’une proximité des portes d’entrée des commerces et services, selon Sylvain.
«Ça prend de l’espace pour sortir notre fauteuil de la voiture.»
Le virage à droite au feu rouge
Sylvain Gamache a déjà donné un coup de poing sur la voiture d’un automobiliste qui n’avait pas été vigilant lors d’un virage à droite sur un feu rouge.
«Ça devient épeurant traverser des coins de rue, surtout dans une heure de trafic accru, explique le Lavallois de 56 ans. Même si nous avons la priorité, nous sommes bas et les gens ne nous voient pas arriver. Les automobilistes sont souvent impatients et s’engagent trop rapidement dans leur virage. C’est très dangereux.»
Les portes automatiques
Il est fréquent que les boutons d’ouverture électrique des portes ne fonctionnent pas au bout des rampes d’accès.
«Dans ce temps-là, il faut tirer la porte soi-même, si tu es capable de le faire, explique Jessica. Quand les boutons ne marchent pas, j’attends et je demande à quelqu’un. Il ne faut pas être gêné, car c’est très rare que les gens s’offrent pour nous aider.»
«Encore faut-il qu’il y ait du monde qui passe, et l’attente dehors n’est pas très agréable l’hiver, ajoute Sylvain.
On n’a pas le choix d’attendre de l’aide. Ce n’est pas de notre faute si le bouton ne fonctionne pas.»
L’épicerie
Très peu d’épiceries mettent des paniers adaptés aux fauteuils roulants à la disposition de leur clientèle à mobilité réduite.
Sylvain, qui a un fauteuil manuel, pousse alors son panier régulier d’une main et avance son fauteuil de l’autre.
«Même un panier adapté n’est pas toujours évident à déplacer avec notre fauteuil, surtout quand vient le temps de changer d’allée, expose-t-il. Il faut avoir la force musculaire pour le faire.»
Jessica, qui a un fauteuil à moteur, utilise donc une tablette qu’elle installe sur elle pour faire ses courses, ce qui limite son nombre d’articles et augmente ses déplacements.
L’autre problème rencontré, c’est la hauteur des tablettes.
«On doit souvent se faire aider pour avoir les produits que l’on veut», précise Jessica.