Denis Lauzon veut partager son expérience

Par Claude-André Mayrand
Denis Lauzon est loin de se considérer comme un héros ou comme une vedette dans le milieu de la sécurité incendie. Le directeur des pompiers de Lac-Mégantic se décrit seulement comme «quelqu’un qui a fait son travail».
M. Lauzon est venu livrer à Laval le discours qu’il répète sur toutes les tribunes depuis les marquants évènements de Lac-Mégantic, à l’occasion d’un colloque privé organisé par SPI Santé-Sécurité à l’hôtel Sheraton.
«Lorsque l’incendie sort du contexte dans lequel on est habitués de travailler, il ne faut pas hésiter à aller chercher de l’aide ailleurs, explique-t-il. À Lac-Mégantic, notre équipe est composée de pompiers volontaires et nous sommes équipés pour combattre les feux de maison et les feux industriels. Ce type de catastrophe, nous n’étions pas équipés pour le combattre.»
Il croit que l’héritage que laissera la tragédie dans le domaine de la sécurité incendie sera celui de l’entraide et de l’importance qu’elle soit structurée.
«C’est important de faire venir les voisins plus structurés et plus habitués à gérer les grands déploiements organisationnels que nous, ajoute celui qui souligne et remercie au passage l’apport des Villes de Sherbrooke, St-Georges-de-Beauce et même de la Ville de Laval, qui a envoyé une équipe participer aux efforts de recherche sur le terrain de la tragédie.
Gatéan Drouin, de la Ville de Sherbrooke, est venu nous prêter main-forte en gardant la saveur et la couleur de l’équipe de Lac-Mégantic. Il nous a fait grandir à ce niveau là.»
En tant que gestionnaire lors d’une intervention, il faut prendre une décision en fonction de l’ampleur de l’incendie, et non pas en fonction du budget, croit-il.
«Il faut protéger nos citoyens, prendre des décisions rapides, mais aussi faire venir les équipements et le personnel nécessaires pour l’intervention.»
Marquant dans sa carrière
Il va sans dire que les évènements de l’été 2013 sont les plus marquants dans la carrière de celui qui est originaire de Valleyfield.
Au travail de 5 h le matin à 23 h en fin de soirée, il salue le travail de ses équipiers.
«Il y a trois types d’intervention possibles face à un feu, soit l’attaque offensive, l’attaque défensive ou la non-intervention. Ce fut très difficile pour mes pompiers de regarder le feu sans pouvoir rien faire au début, mais c’était trop dangereux pour attaquer, affirme celui qui a eu peur pour ses équipiers, par moments.
Je suis fier des pompiers de mon équipe, qui ont fait un excellent travail et qui ont mis l’épaule à la roue pour faire avancer l’équipe.»
Une pensée pour L’Isle-Verte
Denis Lauzon admet que les évènements de L’Isle-Verte, en janvier, sont «venus le chercher».
Le directeur de pompiers confie avoir ressenti l’envie d’aller donner un coup de main aux pompiers, mais il a appris que si on n’est pas invités sur les lieux, on nuit plus qu’on aide.
«À Lac-Mégantic, des pompiers venaient d’un peu partout aider à leur propre initiative. Ils venaient sans équipements et, à un moment donné, on a manqué de combinaisons et d’officiers, explique M. Lauzon.
On a ensuite fait venir des officiers et des pompiers qui se connaissaient entre eux pour faciliter le travail. Si on est appelés, on va répondre favorablement et envoyer du monde, c’est certain.»
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