Une famille de Chomedey inquiète de voir la Russie envahir leur pays d'origine

Par Claude-André Mayrand
«C’est comme regarder un match de soccer assis dans notre salon ou être présents au stade. C’est différent comme émotions et on préfère toujours assister au match en direct.»
Ce sont dans ces mots que Svitlana Galyuk-Kuybida et Volodymyr Galiuk décrivent leurs sentiments au sujet de la situation en Ukraine, leur pays d’origine qu’ils ont quitté il y a près de cinq ans pour venir s’installer au Québec.
Tout au long de l’entretien avec L’Écho de Laval, on pouvait ressentir l’inquiétude et l’émotion au sujet de la situation dans la voix de Svitlana et Volodymyr.
«C’est très important pour nous ce qui se passe là-bas et pas seulement pour notre famille et nos amis. C’est très difficile comme situation», explique Svitlana.
Selon les Galyuk, les problèmes en Ukraine sont beaucoup plus profonds que la seule présidence de Viktor Ianoukovitch.
Destitué le 22 février dernier après quatre années de règne marquées par la dégradation de la situation financière en Ukraine et le rapprochement du pays vers la Russie, Ianoukovitch a soulevé l’ire de son peuple en refusant de signer un accord de libre-échange avec l’Union européenne.
«Il y a une blague qui revient dans les blogues et forums qui dit que Viktor Ianoukovitch et Vladimir Poutine devraient être considérés comme des héros pour avoir réveillé les Ukrainiens et les avoir unis», confie Svitlana, mi-figue, mi-raisin.
Un plan de Poutine
Selon le couple installé à Chomedey depuis trois ans, l’invasion de l’armée russe en Crimée est une autre étape du plan de Poutine, président russe qui s’efforce de diviser l’Est et l’Ouest de leur pays d’origine.
C’était la même chose à l’époque de l’Union soviétique, rappelle Svitlana.
«Une légende dit que les Ukrainiens de l’Ouest n’aiment pas ceux de l’Est et vice versa. C’est largement véhiculé comme une vérité, mais c’est faux.»
La principale différence entre les deux parties du peuple ukrainien, c’est que ceux de l’Ouest ont une mentalité plus européenne et ceux de l’Est sont plus près du mode de vie russe.
«Quand le peuple d’un même pays n’a pas le même point de vue en général, il est plus facile à manipuler. Alors, à cause de la propagande russe, certains Ukrainiens de l’Est ont peur de voyager dans l’Ouest du pays», explique Mme Galyuk-Kuybida.
Elle et son mari ne croient pas une seule seconde au résultat du référendum du dimanche 16 mars en Crimée, dans lequel près de 96 % des résidents de la région de l’Est de l’Ukraine auraient voté en faveur du rattachement à la Russie.
«L’invasion de l’armée russe en Crimée n’est pas juste un plan pour occuper la région. C’est un plan qui va plus loin que ça et ça inclut l’occupation de tout l’Est de l’Ukraine, incluant Kiev [la capitale]», ajoute Svitlana.
Faire sa part du Québec
Svitlana et Volodymyr ont les traits tirés. Ils passent plusieurs heures nocturnes à suivre les évènements sur les webtélés ukrainiennnes.
Ils parlent à leurs amis et les membres de leur famille, qui résident tous, pour la plupart, dans leur ville d’origine, Ivano-Frankivsk, située à quelque 500 km de Kiev.
«Février a vraiment été le mois le plus difficile pendant la révolution. Je crois que c’est le départ d’une nouvelle époque pour le pays», explique Svitlana, fière de voir que ses compatriotes se soient levés patriotiquement.
Les Galyuk ont participé à plusieurs manifestations et rassemblements organisés par la communauté ukrainienne de Montréal, une façon pour eux de faire leur part.
«Si nous résidions encore en Ukraine, c’est certain que nous aurions été sur la place de l’Indépendance avec le peuple. Je me sens un peu impuissante ici, mais je fais ce que je peux pour supporter mon peuple», conclut Svitlana, qui demeure positive face à la situation et qui espère que l’Ukraine ne sera pas le terrain d’un conflit armé.
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