Vivre avec la maladie mentale, souffrir de la stigmatisation

Par Christopher Nardi
Ayant à peine 40 ans, Marie (nom fictif) souffre énormément à cause de la psychose. Non pas à cause de la maladie mentale en soi, mais de la stigmatisation qui l’entoure et le rejet qui s’ensuit.
La Lavalloise peine à compter le nombre d’amis et de relations qu’elle a perdus au fil des années à cause de sa maladie. Mère d’un garçon, elle s’est trop souvent liée d’amitié avec d’autres mères avant de les voir disparaître dans les broussailles lorsqu’elle leur révélait son passé médical.
«J’ai eu deux occasions récemment où des personnes, que je croyais être mes amis, ont arrêté de me parler lorsque je leur ai parlé de ma psychose, raconte la Lavalloise.
Il y a une mère qui a dit que son fils ne pouvait plus jouer avec le mien, et une autre personne qui a arrêté de me parler complètement.»
Maintenant, elle est résignée au silence. Celle qui n’a pas vécu de symptômes de sa maladie depuis plus de six ans refuse de parler de sa maladie, malgré le fait qu’elle vit une vie complètement normale.
«J’ai arrêté de le dire, parce que j’ai réalisé qu’il y a vraiment trop de préjugés, déplore Marie. C’est juste quelque chose que je ne peux pas dire parce que ça va faire du mal à mon fils, qui n’aura pas d’amis à cause de moi.»
Même si elle cache désormais sa maladie, Marie espère toujours qu’un jour, les gens comprendront que la maladie mentale ne crée pas automatiquement un danger.
«Il faut se souvenir qu’on n’est plus dans les années 1970. On peut être une personne normale, comme toute autre personne qui a vécu des difficultés.»
Campagne de sensibilisation
Bien au fait de cette problématique, qui touche des milliers de Québécois, la Fondation de l’Institut Douglas a lancé dernièrement une campagne de sensibilisation pour combattre le stigma lié aux maladies mentales.
Combattre la maladie mentale est une campagne Internet qui vise à créer une discussion autour de ces troubles, qui ostracisent les plus vulnérables de la société.
«Le but est de permettre aux gens d’en parler, et de mettre un visage sur la maladie mentale, explique Suzanne Bélanger, directrice générale de la fondation. On veut engager une conversation à ce sujet, chose que les gens ne font pas nécessairement si facilement que ça.»
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