Le ministère de l’environnement impuissant

Par Ghislain Plourde
Le ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC) n’a pas les pouvoirs pour intervenir dans le dossier.
Le MDDELCC confirme qu’il n’a aucune juridiction sur les emprises d’Hydro-Québec.
«Nous avons bel et bien reçu une plainte d’un citoyen à cet égard, mais comme l’indique le Règlement relatif à l'application de la Loi sur la qualité de l'environnement (RRALQE article 2 alinéa 2), ce genre d’opération ne nécessite pas d’autorisation de notre ministère. Par ailleurs, de nos discussions avec Hydro-Québec sur le sujet, il s’agit d’actions courantes qui ont tout simplement pour but de sécuriser leur réseau de lignes électriques à haute tension», confirme le directeur régional du MDDELCC, Luc Saint-Martin.
Informée du projet d’Hydro par des résidents du quartier, la Ville de Laval, qui n’a aucune autorité sur la société d’État, souhaite une solution négociée.
«Nous avons mis notre Service de l’environnement en contact avec Hydro-Québec sur ce dossier. Ils font ce qu’ils veulent, mais on doit reconnaître qu’ils ont, tout de même une oreille attentive», a indiqué le maire de Laval, Marc Demers, en réponse aux questionnements des citoyens sur le sujet lors de la dernière séance du conseil municipal.
Réactions d’Hydro-Québec
La société d’État, qui prévoit abattre les arbres en novembre prochain pour ne pas nuire à la période de reproduction de la tortue géographique, une espèce menacée, estime que les travaux projetés sont en parfaite corrélation avec les règles du MDDELCC.
«Les travaux d'entretien envisagés par Hydro-Québec en bordure de la rivière des Milles Îles respectent la réglementation environnementale en vigueur. Selon le Règlement relatif à l'application de la Loi sur la qualité de l'environnement (RRALQE article 2 alinéa 2), les travaux d’abattage d’arbres en plaine inondable ou en rive ne sont pas soumis à l’obtention d’un certificat d'autorisation», fait savoir Sophie Lamoureux, porte-parole d’Hydro-Québec.
Hydro-Québec s’explique, aussi, sur les raisons qui l’amènent à privilégier l’abattage d’arbres.
«L’abattage permet d’éliminer les risques de pannes, ce que l’élagage ne peut garantir. Au contraire, l’élagage stimule la pousse et implique des interventions plus fréquentes et ne fait que reporter dans le temps la nécessité de couper les arbres incompatibles.»
Selon sa politique de maîtrise de la végétation, Hydro-Québec veut éliminer toute végétation se trouvant dans ses emprises de lignes de transport et qui a le potentiel d’atteindre 2,5 mètres de hauteur à maturité.
La seule exception est la haie de cèdres qui doit, cependant, être entretenue et taillée à une hauteur maximale de 2,5 mètres.
La société gouvernementale justifie ainsi ses règles. «L'objectif n'est pas d'éliminer toute la végétation présente, mais uniquement celle qui est incompatible avec la fiabilité du réseau ou des équipements. Nous cherchons à favoriser l'établissement et le maintien d'une végétation compatible avec l'exploitation du réseau, c'est‐à‐dire une combinaison d'arbustes épars et de plantes herbacées», conclut la porte-parole d’Hydro-Québec.
Impossible de connaître le nombre d’arbres qui passeront au couperet, la société d’État précise que l’évaluation et la sélection se feront par des spécialistes en foresterie directement sur le terrain. Il n’y a pas de planification cartographique des opérations qui a été effectuée.
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