Un projet pilote de pêche à la mouche
Une expérience inoubliable pour une Mirabelloise survivante du cancer
Par Catherine Deveault
La Mirabelloise Sophie Desjardins-Carrière vient de vivre l’aventure d’une vie. Elle fait partie d’un groupe de jeunes femmes atteintes du cancer qui ont pris part à une expédition d’aventure thérapeutique organisée par la fondation Sur la pointe des pieds du 2 au 8 juillet derniers.
Pendant près d’une semaine, elle a mis de côté son confort quotidien pour se diriger vers l’arrière-pays de la Côte-Nord afin de prendre part à un séjour de pêche à la mouche qui n’avait rien à voir avec une partie de pêche conventionnelle en villégiature.
Les participantes, qui n’avaient aucune expérience en la matière, ont dormi sous tente en camping rustique dans l’arrière-pays et ont mangé en mode shore-lunch trois fois par jour. En plus des activités de pêche à la mouche, le programme d’intervention reposait également sur des séances de méditation pleine conscience, de Qi Jong et de bains forestiers, inspirés de la tradition japonaise du Shinrin Yoku.
De retour à la maison, Sophie Desjardins-Carrière commence à prendre conscience de l’impact de cette intervention bien particulière : « Cette expédition permet de socialiser avec des gens de notre âge qui peuvent comprendre notre réalité. Ça permet des échanges qui nous font grandir, réfléchir, qui apportent du soulagement, une quiétude. En nous sortant du tourbillon du quotidien, l'expédition nous permet de nous ressourcer par la nature, fait ressortir l'altruisme de même que la bienveillance de la nature, de l'être humain et de soi-même. »
Un programme d’intervention adapté aux conditions socio-sanitaires
En dépit du déconfinement en cours, un protocole sanitaire validé par un comité médical aviseur a été déployé en filigrane de l’expédition. Entre autres choses, les participants ont logé dans des tentes individuelles, la distanciation a été imposée lors des cercles de discussion et les activités de pêche se sont effectuées en sous-groupes fixes.
Ces éléments ne semblent pas avoir altéré l’expérience de Sophie Desjardins-Carrière : « Étant adulte, on a généralement le réflexe de prendre en charge les choses mais voyant comment les rencontres étaient bien organisées, comment les informations étaient transmises, qu'il y avait autant de rigueur - le tout donnait très confiance en l'organisation. Les lieux étaient idylliques, les interventions bien dosées, la nourriture exceptionnelle surtout pour une épicurienne et la qualité des intervenants et bénévoles ajoutait beaucoup à la chimie du groupe. Bref, un réussite à coup sûr surtout dans le contexte des restrictions sanitaires. »
Un projet appuyé par la recherche
Ce projet pilote de pêche à la mouche, qui à l’origine devait se dérouler à l’été 2020, a été imaginé et développé par Marie-Michelle Paradis, membre de l’équipe de la fondation sur la pointe des pieds. C’est dans le cadre de ses études de deuxième cycle en Intervention par la nature et l’aventure (INA) de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) qu’elle a mis ce projet de l’avant :
« Étant moi-même pêcheuse à la mouche, j’étais consciente des bienfaits associés à cette activité. Il m’est donc tout naturellement venu à l’idée d’y avoir recours pour développer un nouveau programme d’intervention durant mes études universitaires. Dans le cadre de mes recherches, j’ai été renversée de constater à quel point la science est unanime quant à l’impact hautement significatif que l’exposition à la nature et à la pêche peuvent avoir sur la santé mentale. Entre autres choses, des scientifiques ont suivi un groupe de vétérans de l’armée américaine prenant part à des programmes d’intervention par la pêche à la mouche. Ils ont clairement identifié que le niveau de concentration requis pour l’activité permet aux participants de se distancer des facteurs de stress de leur quotidien. De plus, expérimenter une nouvelle activité et des apprentissages techniques concrets augmentent la confiance en soi. Enfin, la connexion entre les participants au vécu similaire ouvre la porte à des échanges authentiques et sans jugement qui viennent normaliser leur situation. »
Il ne fait aucun doute dans l’esprit des participantes que ce séjour restera longtemps gravé dans leur mémoire et contribuera à les outiller dans leur combat contre le cancer.
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