Discours inaugural
Pour accroître l'accès à un médecin de famille: Legault menace de brandir le bâton

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Par La Presse Canadienne
Le premier ministre François Legault menace de légiférer à court terme pour forcer les médecins de famille à prendre en charge un plus grand nombre de patients.
Dans son discours inaugural, mardi, il avait dit qu’il s’impatientait et mercredi, en mêlée de presse, il a renchéri pour affirmer que la voie législative serait bientôt envisagée, si les médecins n’obtempèrent pas rapidement.
À quelques mois de l’échéance électorale, une partie de bras de fer s’annonce donc entre le gouvernement Legault et la Fédération des médecins omnipraticiens (FMOQ), qui refuse la manière forte.
Ce n’est pas la première fois que le ton monte et que le premier ministre Legault menace de brandir le bâton législatif si les médecins ne se soumettent pas à l’ultimatum de Québec, sauf que cette fois le temps commence à manquer, le gouvernement étant en dernière année de mandat, tandis que la situation n’a cessé de se détériorer.
En 2018, la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault s’était engagée à fournir un médecin de famille à tous les Québécois avant la fin du mandat. Il y avait alors 400 000 patients sur la liste d’attente. Il y en a actuellement le double, soit plus de 800 000, rendant la promesse difficile, voire impossible, à tenir d’ici octobre 2022.
Pour espérer inverser cette tendance, le premier ministre se dit prêt à aller « jusqu’à un projet de loi ».
Moins de patients ont un médecin de famille, plus les salles d’urgence des hôpitaux sont engorgées, de même que les cliniques sans rendez−vous.
Dans le passé, brandir le bâton plutôt que la carotte devant les médecins a cependant donné peu de résultats, si ce n’est une méfiance réciproque et un climat de tension grandissant entre Québec et la profession médicale. L’ex−ministre de la Santé Gaétan Barrette avait adopté la loi 20 en 2015, prévoyant des pénalités financières imposées aux médecins qui n’atteignaient pas les objectifs de productivité du gouvernement.
Pour expliquer l’augmentation constante du nombre de patients orphelins, la FMOQ se défend en faisant valoir notamment qu’il manque environ 1000 médecins de famille au Québec, qu’on impose aux omnipraticiens de travailler en CHSLD et à l’hôpital, ce qui réduit d’autant leur disponibilité en cabinet, sans compter que les départs à la retraite se multiplient. Elle ajoute qu’il est faux de laisser entendre que le taux de productivité des médecins est faible, alors qu’en moyenne ils travaillent environ 45 heures par semaine.
Les médecins de famille prennent sous leur aile entre 1000 et 2000 patients. Toutefois, le fait de voir son nom figurer sur la liste des patients d’un médecin ne garantit pas automatiquement un accès à des soins ou à un rendez−vous au moment désiré.
En parallèle, le gouvernement veut imposer prochainement aux médecins une transformation de leur mode de rémunération, où le paiement à l’acte céderait le pas, en partie, au nombre de patients inscrits sur leur liste. Québec croit que ce moyen pourrait aussi contribuer à faciliter l’accès à un médecin de famille.
Jocelyne Richer, La Presse Canadienne
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