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Santé

Le cannabis rehausserait le risque de schizophrénie

durée 18h00
11 mai 2023
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne

Une utilisation intensive du cannabis semble rehausser le risque de schizophrénie, surtout chez les jeunes hommes, prévient une nouvelle étude épidémiologique danoise.

Les chercheurs de l'Université de Copenhague ont examiné les dossiers médicaux de près de sept millions de personnes. Ils ont conclu que quelque 3000 diagnostics de schizophrénie, soit environ le tiers du nombre total de diagnostics, auraient pu être évités si les hommes âgés de 21 à 30 ans n'avaient pas développé une consommation problématique de cannabis.

Les chercheurs font aussi remarquer que la qualité de la marijuana disponible au Danemark et le nombre de diagnostics de schizophrénie ont augmenté simultanément entre 2006 et 2016.

«Les premières études qui ont suggéré qu'il y avait un lien entre la consommation de cannabis, surtout à l'adolescence, et le développement d'une psychose à l'âge adulte doivent dater maintenant d'une vingtaine d'années, et les données qui vont dans ce sens-là ont continué à s'accumuler», a rappelé le docteur Marc-André Roy, qui est professeur titulaire de psychiatrie et de neurosciences à la faculté de médecine de l'Université Laval.

L'interaction entre les gènes et l'environnement peut être complexe, a-t-il rappelé. Mais aujourd'hui, les chercheurs sont de plus en plus convaincus qu'une consommation excessive de cannabis fait augmenter le risque de schizophrénie, et non pas que les individus qui ont une prédisposition génétique à la schizophrénie deviennent de grands consommateurs de cannabis.

Si on tient pour acquis qu'il existe un lien de causalité, ont écrit les chercheurs, en 2021 ce sont 15 % des cas de schizophrénie qui auraient été évités chez les hommes sans consommation abusive de cannabis, et 4 % chez les femmes.

Chez les jeunes hommes, la proportion de cas de schizophrénie associés à une consommation abusive de cannabis qui pourraient être évités pourrait atteindre 25 % et même 30 %, ont-ils ajouté.

On sait que les hommes sont de plus grands consommateurs de cannabis que les femmes, mais cela ne suffit probablement pas à expliquer l'écart entre les deux sexes, a dit le docteur Roy.

«Il y a plusieurs aspects du neurodéveloppement qui sont influencés par le sexe, a-t-il indiqué. Il y a plusieurs phénomènes qui sont puissamment modulés par les hormones sexuelles, et c'est un peu toujours ce à quoi on pense. Mais dans cette étude, ça va au-delà du fait que les garçons consommeraient plus que les filles. À consommation égale, le cannabis a un plus grand effet chez les hommes.»

On ne peut par exemple pas exclure que les hormones sexuelles des femmes les protègent des effets néfastes du cannabis. Après tout, a dit le docteur Roy, elles sont moins susceptibles que les hommes d'être victimes d'une psychose, et lorsqu'elles en font une, cela se produit habituellement plus tard pendant la vie.

Toujours en supposant un lien de causalité, écrivent d'ailleurs les chercheurs danois, les résultats «suggèrent que les hommes comparés aux femmes d'un même âge pourraient être plus susceptibles aux effets psychotogéniques du cannabis sur la schizophrénie». Toutefois, précisent-ils, d'autres recherches seront nécessaires pour mieux comprendre les mécanismes responsables de cette plus grande vulnérabilité des jeunes hommes.

À un niveau populationnel, disent les auteurs de l'étude, l'utilisation problématique du cannabis semble représenter un facteur de risque modifiable important pour la schizophrénie, particulièrement pour les hommes.

«On sait que dans les populations où le cannabis ayant une plus forte concentration est utilisé, il semble y avoir plus de psychoses liées au cannabis, a dit le docteur Roy. Avec le recul, ça commence à satisfaire pas mal tous les critères. Ça commence à être difficile de dire que ça n'a rien à voir.»

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal médical Psychological Medicine.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne

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