Il l'a tuée pour ne pas décevoir son oncle

Par Cédérick Caron
S’il a tué la conjointe de son oncle en 1996, c’est pour faire plaisir à ce dernier. C’est ce qu’a raconté Yannick Auclair au jury qui aura à évaluer s’il pourra faire une demande de libération conditionnelle avant le moment prescrit par sa sentence initiale.
La seconde partie de son témoignage amorcé la veille a pris la quasi-totalité de la journée du 5 décembre au palais de justice de Laval. Auclair a été condamné à la prison à perpétuité pour le meurtre prémédité de sa tante par alliance, Guylaine Leblond, survenu le 16 mai 1996.
Victime de rejet tout au long de son enfance et de son adolescence, celui qui avait 19 ans à l’époque craignait de décevoir son oncle maternel, Mario Auclair, s’il ne tuait pas sa conjointe et de se retrouver encore une fois à la rue.
Questionné par la procureure de la Couronne Juliana Côté, Auclair est revenu sur le fait qu’au fil des évaluations psychologiques, la version du meurtrier sur son geste changeait.
«Les versions évoluent parce que plus on avance dans le temps et plus j’assume ce que j’ai fait», a indiqué M. Auclair en prenant soin de peser ses mots.
Prisonnier modèle
M. Auclair a aussi parlé de sa quinzaine d’années passées derrière les barreaux. «Je me suis toujours impliqué dans mon cheminement pour comprendre ce qui s’était passé», a-t-il précisé en énumérant les différents cours de cheminement personnel auquel il a pris part.
En avril 2003, il a été transféré dans un pénitencier à sécurité minimum à sa demande où il a cumulé des rôles et des responsabilités dont il se serait toujours bien acquitté selon ses dires. Il est aujourd’hui président du comité de détenu de son établissement carcéral et dispose depuis 2004 d’un droit de sortie sous escorte.
Il a parlé de l’importance qu’avait sa fille de neuf ans dans sa vie. «Quand ça va mal, je la regarde et je me dis que j’ai au moins fait ça de bon dans la vie.»
Au cours des prochains jours, les avocates de M. Auclair devraient faire entendre du personnel du milieu carcéral qui côtoie leur client. Par la suite, la Couronne fera entendre les sœurs et la nièce de la victime ainsi qu’un enquêteur du département de police de Laval.
Les procédures devraient se conclure d’ici la fin de la semaine prochaine.
Ce que Yannick Auclair a dit
«Je n’avais rien contre Guylaine. Pas de rancœur. Pas de motif.»
«C’était une personne qui me voulait du bien.»
«J’ai fait comme Mario me l’a demandé. […] Mario avait beaucoup d’emprise sur moi. J’avais juste lui.»
«Ce matin-là, j’avais peur. Il [Mario Auclair] m‘a dit que ça ne coûterait pas plus cher, en faire éliminer deux plutôt qu’une.»
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