Adèle Sorella ne signait pas les devoirs ou les notes dans l’agenda de sa fille

Par Valérie Gonthier\Agence QMI
Adèle Sorella semblait peu se soucier des importantes difficultés scolaires de Sabrina, la plus jeune de ses filles assassinées, selon une enseignante qui lui enseignait.
Appelée à témoigner lundi, au palais de justice de Laval, lors du procès de la mère accusée de meurtres prémédités, Susan-Gail Nickerson a expliqué aux 12 jurés à quel point elle peinait à établir un contact avec les parents de l’enfant. Ces derniers omettaient notamment de signer des devoirs et ne s’étaient pas présentés à une rencontre en début d’année à l’école.
«Mon impression était qu’il n’y avait pas beaucoup de support à la maison concernant l’école », a témoigné l’enseignante de Sabrina De Vito, alors en deuxième année du primaire à l’école Genesis de Laval.
La fillette de huit ans a été retrouvée sans vie le 31 mars 2009, aux côtés de sa soeur Amanda, neuf ans.
Mme Nickerson est devenue émotive lorsqu’elle a décrit la jeune Sabrina.
«Elle était pétillante, populaire et plaisante à côtoyer», a-t-elle lancé, la voix tremblante.
L’enseignante se souvient de Sabrina comme une fille avec «une forte personnalité».
«Elle était une de celles à toujours venir s’asseoir à côté de moi et à me raconter sa journée», a-t-elle ajouté.
Embarrassée
Mme Nickerson écrivait régulièrement des notes dans l’agenda des élèves ou leur remettait des devoirs corrigés, que les parents devaient signer. Sabrina revenait pour sa part souvent bredouille à l’école, sans l’autographe de sa mère, tel qu’exigé. Selon l’enseignante, l’enfant était «consciente» des manquements de sa mère. «Elle en était embarrassée.»
Mme Nickerson a par contre ajouté avoir remarqué certaines améliorations de la part de la mère de Sabrina, qui signait plus régulièrement les notes dans l’agenda les semaines avant le drame.
Ce fut les seules communications qu’elle a eues avec Adèle Sorella pour toute l’année scolaire. Une rencontre parents-enseignants était prévue à l’automne. Mais Sorella ne s’était jamais pointée au rendez-vous, qu’elle avait pourtant confirmé.
La mère s’entretenait par contre avec le directeur de l’école. Serge-Édouard Jeanniton a témoigné hier qu’il a rencontré à quelques reprises la femme pour discuter des problèmes académiques de ses filles, surtout de la plus jeune, Sabrina.
Il n’a jamais eu de contact avec le père des enfants, Giuseppe De Vito. Il était par contre au courant de la cavale du mafieux, ciblé par l’une des plus importantes opérations policières des dernières années.
L’oncle en support
M. Jeanniton rencontrait Adèle Sorella seulement lors des «moments critiques». Selon lui, elle était inquiète pour Sabrina, qui a bien failli couler sa première année.
Il s’est souvenu que l’année avant le meurtre, l’oncle des fillettes avait accompagné Sorella à une rencontre. Une pratique peu habituelle, a convenu le témoin.
«S’il était venu seul, je ne lui aurais pas parlé. Mais Mme Sorella le laissait prendre ça en main», a-t-il expliqué, ajoutant que la femme semblait «à bout de souffle».
Nick De Vito, le frère du père des fillettes, est un homme «qui prend beaucoup de place», s’est souvenu le directeur. C’est d’ailleurs lui qui a pris «le contrôle de la conversation», intéressé à savoir quoi faire pour aider ses nièces.
Localisée
Par ailleurs, les heures avant son arrestation pour le meurtre de ses enfants, Adèle Sorella se serait promenée en voiture pendant plusieurs heures, sans toutefois s’éloigner de Laval.
Selon son registre cellulaire du jour du drame, elle a tenté de rejoindre des proches au téléphone alors qu’elle était en déplacement. Entre 13 h 22 et 13 h 53, les tours cellulaires l’ont localisée à trois places différentes à Laval, à une quinzaine de kilomètres d’un endroit à l’autre, a expliqué une enquêteuse de Rogers Communications, Sylvie Gill.
La dernière fois qu’une activité a été retracée sur le cellulaire de l’accusée, il était 16 h, soit à peine 30 minutes avant que son frère ne retrouve les filles assassinées. Adèle Sorella a été arrêtée vers 3 h du matin dans la nuit du 1er avril, victime d’une sortie de route sur le rang du Bas-Saint-François, à Laval.
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.