Corruption: Laval veut récupérer son argent
Par Claude-André Mayrand
La Ville de Laval se lance dans des procédures judiciaires contre des individus et entreprises susceptibles d’avoir volé de l’argent aux contribuables dans des épisodes de corruption au cours des dernières années, a annoncé le maire Marc Demers, le 10 septembre.
«Il est maintenant évident que plusieurs firmes, entrepreneurs et individus ont agi illégalement pour détourner l’argent des Lavallois, a expliqué le maire Demers. Le temps est venu pour eux de répondre de leurs actes et de rendre aux citoyens leur dû.»
Selon l’ex-policier, la commission Charbonneau a fait la preuve de façon claire que les Lavallois ont été volés par des collusionnaires pendant au moins deux décennies.
«Nous allons mettre en place toutes les mesures permises par la loi pour récupérer les sommes», a expliqué le maire, qui n’a pas voulu nommer de noms d’individus ou d’entreprises visées par les procédures.
Le Journal de Montréal rapportait toutefois, dans son édition de mercredi matin, que l’ex-maire Gilles Vaillancourt figurait au nombre des personnes poursuivies.
C’est l’avocat de renom Daniel Chénard, autrefois président de la Section du droit municipal de l’Association du Barreau canadien, qui s’est vu confier le mandat de mener la cause à terme par le comité exécutif.
Marc Demers a toutefois refusé de donner une estimation du coût des honoraires que Me Chénard pourrait facturer à la Ville au terme de son mandat.
Aussi, sans donner de chiffre, le maire croit que l’argent à récupérer se calcule en millions de dollars et que l’opération sera rentable pour les citoyens lavallois.
Boîtes découvertes
Marc Demers a expliqué que l’ensemble des employés de la Ville collaborent avec les élus dans la lutte à la corruption du passé.
À titre d’exemple, le maire a expliqué que pendant la dernière campagne électorale municipale, en novembre dernier, Gilles Vaillancourt s’était présenté à l’hôtel de ville pour rencontrer le tuteur Florent Gagné, encore en poste à l’époque.
«Des employés nous ont confié que M. Vaillancourt voulait récupérer 208 boîtes de documents entreposées dans la chambre à fournaises de l’hôtel de ville», explique le maire, qui a été mis au courant de la présence récente de l’ex-maire au 1, Place du Souvenir une fois élu.
Les boites sont toujours entre les mains de la Ville, qui analyse le contenu de celles-ci. Le maire s’est abstenu de révéler la teneur des documents en question, mais il a confirmé qu’elles seront utiles dans les poursuites entamées par la Ville.
Pas d’échéancier
Marc Demers a invité le gouvernement du Québec à appliquer les objectifs du Projet de loi 61, qui vise à faciliter le recouvrement de sommes payées injustement par des organismes publics.
Il souhaite que le ministère de la Justice agisse rapidement en ce sens, mais il refuse de fixer un échéancier pour mener à terme les poursuites.
Le maire croit que l’action judiciaire envoie le message clair qu’il faut éviter le gaspillage à l’avenir.
«Ça aurait été un scandale de ne rien faire avec les recours qui nous sont disponibles. Le signal aurait été qu’à Laval, les risques de faire de la corruption sont minimes. Il n’en est pas question», conclut-il.
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