Elle vit un cauchemar

Par Ghislain Plourde
Une Lavalloise de la rue Damien-Cyr vit une situation insoutenable depuis 10 ans causée par le ruissellement des eaux de tout le secteur qui se déverse chez elle.
Claudette Servant n’aurait jamais cru que son havre de paix acheté en 1999 se transformerait en maison de l’horreur, 12 ans plus tard.
Bien qu’elle ait vécu, au départ, quelques problèmes avec Hydro-Québec pour le branchement électrique, rien ne laissait présager à Mme Servant que des tuiles allaient s’abattre sur elle à compter de 2003.
«Lorsque j’ai fait bâtir la maison, il n’y avait aucun voisin autour de chez moi et il y avait un grand fossé derrière. Mais au fur et à mesure, les autres habitations se sont construites et on a remblayé cette tranchée», explique Claudette Servant.
Un rapide coup d’œil du secteur permet de constater que plusieurs lots résidentiels du secteur ont fait l’objet de rehaussement. Une action entreprise pour gérer les eaux de ruissellement provenant d’une étendue d’eau à proximité.
Soudainement, la résidence de Claudette Servant est devenue le point de réception des eaux d’écoulement de ses voisins de la rue Damien-Cyr et du croissant Jules-Lafrenière.
Depuis 10 ans, la dame constate avec impuissance le dépérissement et la dégradation continue de l’aménagement de son terrain. C’est sans compter que la citoyenne de la rue Damien-Cyr a dû installer un muret, non conforme mais autorisé par la Ville, pour préserver son intimité de son voisin arrière.
Claudette Servant s’est à de multiples reprises adressée au service de l’urbanisme de la ville. De nombreux employés se sont déplacés chez elle au fil des ans. Malgré tout, la situation ne s’est pas améliorée, loin de là, se détériorant même en raison de conflits avec ses voisins.
Ses soupçons sont fondés
En plus d’engager d’onéreux frais juridiques, la résidente de Sainte-Rose a fait appel à des firmes d’experts pour faire un compte-rendu précis de la situation.
Leurs conclusions sont claires. «Selon nos observations, tous les terrains observés, y compris celui de la plaignante, ne sont pas conformes à la règlementation L-2000 article 31B visant les pentes d’égouttement de chaque terrain», précise le rapport de la firme Experts-Conseils CEP inc.
Une opinion partagée par la compagnie Qualilab Inspection inc. chargée de rédiger un avis géotechnique sur la propriété. «Nos observations nous permettent d’affirmer que les aménagements extérieurs de certaines propriétés adjacentes n’ont pas été effectués de manière à respecter la réglementation municipale en matière de drainage», révèle ce second document.
Ce deuxième constat précise que le «remblayage de l’ancien fossé, sans l’ajout d’un drain, est le point de départ des problèmes et que le rehaussement des lots à l’est et au sud de la propriété de la plaignante ont complété le travail, en déplaçant la zone d’accumulation d’eau vers son terrain».
Réactions de la Ville
Le dossier de Mme Servant à la Ville de Laval semble délicat. Il a fallu à L’Écho de Laval plusieurs appels pour faire le point dans cette affaire. Une première réponse étonnante a été offerte, vendredi 30 novembre.
«Par de multiples inspections réalisées antérieurement, il appert que les terrains avoisinants sont conformes à l’article 31B du règlement L-2000 et que la problématique relève du Code civil du Québec. Suite à ces explications fournies à Mme Servant, ce dossier d’expertise a été fermé puisque la résolution de ce problème ne relève pas de la Ville», a laissé savoir Nadine Lussier, porte-parole de la Ville de Laval.
Cependant, dans les minutes suivantes, une réponse totalement différente était donnée à L’Écho. «Notre contentieux a été mandaté pour revoir l’ensemble du dossier et nous préparer un rapport sur la question», a affirmé Nadine Lussier, tout en indiquant qu’il était prématuré d’évoquer une date quant à la conclusion de cette étude.
Le conseiller municipal Denis Robillard a confié à L’Écho de Laval qu’il s’agissait d’un des dossiers les plus difficiles dans lequel il ait été impliqué. Il croit néanmoins que le recours au service du contentieux est une bonne nouvelle.
Le député impuissant
Alors qu’il était encore député de Vimont, Vincent Auclair a voulu se mêler du dossier. Il a tenté d’obtenir, sans succès, des documents de l’administration municipale. On a carrément refusé de collaborer avec lui, d’après l’ex-député.
«J’étais persona non grata à l’hôtel de ville depuis l’histoire des enveloppes».
L’ex-maire Vaillancourt aurait offert de l’argent à Serge Ménard et Vincent Auclair lors de campagne électorale, une histoire qui a défrayé les manchettes en novembre 2010. L’ancien maire a toujours nié la chose.
Entre-temps, les dommages à la propriété de Claudette Servant se poursuivent avec les eaux et la fonte des neiges. En plus, la femme doit composer avec des actes de vandalisme qu’elle associe aux recours juridiques qu’elle a dû se résoudre à entreprendre contre certains de ses voisins pour les forcer à évacuer leurs eaux vers la rue.
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