Place Bell : Québec réclame une enquête

Par Ghislain Plourde & Charles Lecavalier
La Place Bell est dans la mire du vérificateur spécial à la ville de Laval, a appris Le Journal de Québec.
Le vérificateur spécial, nommé par le gouvernement Marois à la suite de la démission de l'ancien maire Gilles Vaillancourt, a reçu un mandat d'enquête de la part du ministre des Affaires municipales Sylvain Gaudreault.
Tous les travaux réalisés en amont du projet, les règlements de l'appel d'offres, l'adjudication des contrats entre la Cité des sports et Laval et la relation entre les deux institutions seront analysés par le vérificateur.
Le coût de construction de l'amphithéâtre lavallois a explosé, passant de 120 millions $ à 150 millions $. Ce sont les contribuables de Laval qui écoperont, malgré les promesses du maire Alexandre Duplessis.
Le ministre des Affaires municipales Sylvain Gaudreault a immédiatement réagi. «9 h n'avait pas sonné ce matin que j'avais déjà demandé au vérificateur qu'on a envoyé à Laval d'examiner très attentivement ce dossier», a lancé ce dernier en entrevue au «Journal de Québec».
Duplessis doit s'expliquer
Il a d'ailleurs écorché le maire de Laval Alexandre Duplessis au passage, lui demandant de s'expliquer. «C'est très intriguant, très questionnant de voir que le coût du projet monte de façon aussi importante. Le maire de Laval a sûrement des réponses à donner», a lancé M. Gaudreault.
Si les vérificateurs «mettent la main sur des indications qui vont nous inciter à aller plus loin», le gouvernement va «s'ajuster en cours de route», assure M. Gaudreault, qui ne ferme pas la porte à une annulation de l'appel d'offres.
«De notre côté comme ministère notre contribution ne change pas, mais comme nous sommes un partenaire important, nous avons le droit et l'obligation de nous assurer que tout sera bien fait», a-t-il ajouté.
La gestion de l'amphithéâtre a été confiée à evenko, mais il y a quelques jours, Québecor Média a fait valoir que l'octroi du contrat à la filiale du Club de hockey Canadien ne s'est pas fait correctement parce que des modifications ont été apportées au dossier après que le gestionnaire du projet eut été choisi.
Vendredi, Martin Tremblay, vice-président Affaires publiques Québecor Média, s'est réjoui de l'annonce du ministre Gaudreault de demander aux vérificateurs spéciaux d'éplucher le dossier.
«Il s'agit d'un investissement public très important. Nous sommes très heureux que le ministre Gaudreault ait mandaté les vérificateurs pour faire la lumière dans ce processus-là. Nous pensons que les droits juridiques de Québecor n'ont pas été respectés dans ce dossier. On espère que cette intervention va contribuer à rétablir nos droits», a affirmé M. Tremblay.
Revoir le projet
Le montage financier de la Place Bell suscite quant à lui beaucoup de réactions.
Le caucus du Parti québécois de Laval voudrait que Québec suspende sa subvention pour la construction de l'amphithéâtre, le temps de faire la lumière dans ce dossier.
«Je suis d'avis qu'on devrait suspendre temporairement le 46 M$ promis pour permettre au gouvernement de revoir le projet», indique le président du PQ-Laval, Michel Leduc, en entrevue à L'Écho de Laval.
Du même coup, il questionne le type de gestion choisi par le projet. «On sait que l'ex-maire Vaillancourt a priorisé la mise en place d'un organisme sans but lucratif pour voir aux destinées du complexe. Mais est-ce la bonne façon de faire? D'autant plus que l'OSBL niche à l'adresse de la firme Dunton Rainville qui fait l'objet de suspicions dans les derniers mois.»
L'opposition est indignée
Outré, le chef du Parti au service du citoyen, Robert Bordeleau s'est adressé à Québec pour forcer la main à l'administration afin de rouvrir l'appel d'offres.
«J'ose espérer que vous prendrez nos plaintes au sérieux, ainsi que celles des contribuables lavallois que nous représentons, et que vous saurez agir en conséquence», écrit-il dans sa plainte.
Le chef du PSC a obtenu confirmation de réception de sa plainte auprès du ministre Gaudreault. Il devrait s'entretenir avec un représentant du MAMROT bientôt.
Rappelons que la Ville de Laval a donné une enveloppe budgétaire de 73 683 750 $ à la Cité de la culture et du sport de Laval (OSBL) pour la réalisation du complexe, qui comprendra un aréna de 10 000 sièges transformables en salle de spectacle, une glace olympique comptant 2500 sièges et une glace communautaire pouvant accueillir 500 spectateurs. La participation de Québec est, quant à elle, de 46,3 M$.
Quant aux 32 M$ annoncés par les partenaires privés, Bell et evenko, ils ne sont pas compris dans le montage financier final de 120 M$.