La Place Bell de Laval sera scrutée à la loupe

Par Cédérick Caron
L’opposition à l’Hôtel de Ville de Laval s’est réjouie d’apprendre que le ministre des Affaires municipales, Sylvain Gaudreault, a demandé aux vérificateurs déjà affectés à Laval de se pencher sur le dossier des dépassements de coûts de la Place Bell, alors que la première pelletée de terre du projet n’a pas encore eu lieu.
«Je suis très content de voir que le ministre est à l’écoute des Lavallois, a indiqué le candidat à la mairie du Parti au service du citoyen (PSC), Robert Bordeleau, qui est en communication avec le cabinet du ministre depuis mercredi dernier à ce sujet. Nous en avons ras le bol de nous faire rouler.»
«Nous espérons que cette vérification supplémentaire permettra d’obtenir plus de transparence dans tout ce dossier», espère le président du Mouvement lavallois (ML), David De Cotis.
Le Journal de Montréal rapportait dans son édition de samedi que le ministre avait demandé à ses vérificateurs, déjà en place à Laval, de jeter un regard particulier à tous les travaux réalisés en amont du projet, les règlements de l'appel d'offres, l'adjudication des contrats entre la Cité de la culture du sport et la Ville de Laval, et la relation entre les deux institutions.
Cette demande a été engendrée par le fait que la contribution financière de la Ville de Laval est passée de 42 millions $ à 73,6 millions $ depuis l’annonce faite en février dernier.
À ce moment, Laval indiquait que la contribution de 32 millions $ du partenaire privé evenko, gestionnaire de l’amphithéâtre, était incluse dans le montage financier de 120 millions $, ce qu’elle réfute aujourd’hui.
Dans un communiqué émis vendredi en soirée, le maire de Laval, Alexandre Duplessis, a soutenu que la bonification apportée par evenko se présente sous forme d'un apport en équipement, installations et infrastructures et par un important appui notamment en droits de dénomination pour la commandite du nom de l'édifice.
Laval collaborera
Alors que le ministre a personnellement interpellé le maire de Laval en indiquant que M. Duplessis avait certainement des réponses à donner, ce dernier a refusé la demande d’entrevue que nous lui avons adressée samedi. Le motif évoqué est le fait que les élus lavallois travaillent toute la fin de semaine à finaliser le budget.
M. Duplessis, qui siège désormais comme indépendant et qui a longtemps été considéré comme le dauphin politique de l’ex-maire Gilles Vaillancourt, devrait s’adresser aux médias après le dépôt du budget, lundi avant-midi.
Toutefois, le conseiller politique au cabinet du maire, Pierre Desjardins, a eu ces mots en guise de réaction officielle. «C’est certain que nous allons collaborer, nous travaillons déjà avec les vérificateurs, a-t-il dit. De plus, nous travaillons avec Infrastructure Québec depuis le début du projet pour nous assurer que tout soit fait dans les règles de l’art.»
Le ministre Gaudreault devrait recevoir le rapport de ses vérificateurs au cours de la prochaine semaine.
Un OBNL controversé
Tant du côté du PSC que du côté du ML, on dénonce que le projet soit géré par l’organisme à but non lucratif La Cité de la culture et du sport. De part et d’autre, on décrit que l’organisme n’ait aucun compte à rendre au public.
«Nous avons tenté d’avoir accès aux contrats, mais on nous répond qu’ils ne sont pas soumis à la loi d’accès à l’information», a expliqué M. De Cotis.
«Cet organisme a été créé dans le seul but de cacher aux contribuables l’utilisation de leurs taxes», a soutenu pour sa part M. Bordeleau.
Parmi les administrateurs de l’organisme La Cité de la culture et du sport, on retrouve, entre autres, le directeur général de la Ville, Gaétan Turbide, qui siège comme président et administrateur, ainsi que Gaétan Vandal, directeur général adjoint responsable du processus financier et des dossiers majeurs également à la Ville de Laval, qui siège comme secrétaire.
L’Écho de Laval s’est aussi buté à cette opacité au cours des deux dernières années, alors que la Ville et l’organisme se renvoyaient la balle lorsque l’hebdomadaire tentait d’avoir des précisions et des entrevues en lien avec le dossier.
Des citoyens préoccupés
Rencontrés au Complexe Guimond en début de soirée samedi, plusieurs Lavallois ont émis des réserves quant à l’augmentation de la contribution de la Ville.
«C’est trop! s’est exclamé Steeve Minguy. Avec tout ce qui passe en ce moment avec la Ville de Laval, on se pose bien des questions.»
«Le problème, c’est que la facture est toujours refilée aux contribuables», a indiqué Sylvain Guindon, qui était présent pour voir jouer sa fille.
Mère d’une hockeyeuse, Chantal Olivier est plus nuancée. «Le problème, c’est qu’on manque de glace et qu’on a besoin de ce centre, a-t-elle dit. Il faudrait essayer de mieux partager les coûts.»
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