Une maison centenaire est menacée

Par Claude-André Mayrand
La survie d’une maison presque centenaire du secteur Sainte-Rose soulève les passions chez les citoyens du quartier.
La maison, construite en 1919 et située sur la terrasse Dufferin, est le symbole d’une lutte pour changer le zonage patrimonial du Vieux Sainte-Rose. Le nouveau propriétaire de la maison prévoit la démolir pour y construire huit maisons semi-détachées. La maison se trouve à l’extérieur de la zone patrimoniale définie par la Ville.
L’Association des citoyens et amis du Vieux Sainte-Rose (ACAVSR) part en croisade afin de protéger le patrimoine de son quartier. Elle veut forcer la Ville à développer un plan de développement durable qui aurait la préservation du patrimoine comme première valeur.
«La Ville de Laval ne cherche qu’à densifier sa population et les facteurs patrimoniaux ne figurent pas parmi leurs valeurs, s’indigne Alain Bellemare, qui est membre de l’ACAVSR. Les paramètres de zonage sont mal définis, il y a présence de favoritisme et trop de dossiers sont traités en cas par cas.»
Une lutte perdue d’avance?
Le conseiller municipal indépendant du district Sainte-Rose, Denis Robillard, réfute les allégations de M. Bellemare. «Il n’est pas question que la densification se fasse au détriment du Vieux Sainte-Rose», insiste-t-il, avant de préciser qu’il souhaite toujours sauver la maison de la terrasse Dufferin. «On va travailler jusqu’à temps que tous les permis soient émis, et j’espère encore qu’on peut changer les plans du propriétaire.»
Il précise toutefois que la Ville ne prévoit pas racheter la maison afin de la sauver. «Il faut travailler intelligemment, précise-t-il. Si le zonage actuel permet le projet de construction, le propriétaire peut faire ce qu’il veut.»
Toutefois, le permis de démolition n’a pas encore été émis par le Service d’urbanisme de la Ville de Laval.
«La demande a été déposée pour la démolition, mais aucune demande de construction ne l’accompagnait, explique la chef des communications de la Ville, Nadine Lussier. Il faut cependant noter que le permis de démolition pourra être accordé sans l’autorisation du comité exécutif, étant donné que le lot se situe à l’extérieur de la zone patrimoniale», conclut-elle.
La future candidate du Mouvement lavallois (ML) dans le district de Sainte-Rose, Virginie Dufour, propose un élargissement de la zone de protection patrimoniale et une pétition en ce sens. «On peut voir que ce n’est pas une priorité de l’administration actuelle, qui semble en complaisance avec le marché immobilier», en parlant de la protection du patrimoine.
De son côté, le chef du Parti au Service du citoyen (PSC), Robert Bordeleau, suggère une plus grande protection du patrimoine bâti dans sa plateforme électorale. Il rappelle la longue histoire de l’Île-Jésus, qui remonte à plusieurs siècles. «On a une riche histoire qui mérite d’être protégée et défendue.»
Pas assez patrimoniale
La maison du 61 Terrasse Dufferin a été exclue d’une liste finale de 66 bâtiments qui font partie du règlement L2001-3593, qui sera l’objet d’une consultation publique dans environ un mois et qui traite des bâtiments patrimoniaux situés en dehors des zones patrimoniales. Ces 66 bâtiments ont été désignés comme étant représentatifs des formes architecturales récurrentes de l’île Jésus et ils ont été retenus à partir d’une liste de 1 830 bâtiments, dans laquelle figurait la maison de la terrasse Dufferin.
Parmi les éléments qui ont permis de faire l’évaluation, on trouve l’environnement et l’intérêt didactique du bâti, son état physique, ses éléments constitutifs et son intérêt de mise en valeur à travers son ancienneté.
Les élus réagissent
La députée provinciale de Sainte-Rose, Suzanne Proulx, se sent préoccupée par le dossier et elle a l’intention de communiquer avec le maire de Laval, Alexandre Duplessis, pour y voir plus clair.
«Bien que le dossier relève du municipal, j’aimerais comprendre la position de la Ville et ses intentions. Nos édifices patrimoniaux sont une richesse collective», affirme celle dont le bureau de comté se trouve justement dans le secteur du Vieux Sainte-Rose.
De son côté, le député néodémocrate de Marc-Aurèle-Fortin, Alain Giguère, s’inquiète de la situation du patrimoine architectural du quartier qu’il représente à Ottawa. Il ne peut toutefois s’impliquer directement dans le dossier.
«Le propriétaire de la maison est dans son droit en vertu des règlements municipaux et on ne peut qu’espérer qu’à l’avenir, le conseil municipal sera en faveur d’une plus grande protection du patrimoine si l’appui citoyen est important», conclut-il, en précisant qu’il signerait volontiers une pétition qui demanderait un agrandissement de la zone patrimoniale.
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