L'échangeur 15-640 n'a toujours pas de nom

Par Simon Laliberté
Contrairement à d’autres infrastructures importantes du Québec, l’échangeur de l’A-640 ne porte toujours pas de nom. Le porte-parole de la Commission de la toponymie du Québec, Martin Bergeron, a confirmé à L’Écho de la Rive-Nord qu’aucune proposition n’a été déposée afin de nommer l’artère la plus importante des Basses-Laurentides.
Le processus est simple pour la dénomination d’une infrastructure. Un simple citoyen peut faire parvenir son idée à la Commission.
«Nous pouvons recevoir la proposition d’un citoyen, d’un organisme, etc. et nous consultons ensuite Transports Québec puisque ces derniers demeurent propriétaires de l’infrastructure», a souligné M. Bergeron.
Le porte-parole a indiqué que les municipalités touchées, Sainte-Thérèse et Boisbriand devront aussi être consultées avant d’officialiser le nom de l’infrastructure.
Déjà des noms sur la table
À la Société d'histoire et de généalogie des Mille-Îles, Gilles Charron a proposé trois idées lorsque nous lui avons fait part que l’échangeur était anonyme. M. Charron pense que Lionel Bertrand pourrait donner son nom à l’échangeur étant donné son implication politique dans la région.
Élu pour la première en 1940 dans l’ancienne circonscription fédérale de Terrebonne, M. Bertrand a entre autres été ministre du Tourisme, de la Pêche et de la Chasse de 1963 à 1964 dans le cabinet de Jean Lesage. Il a aussi été membre du Conseil législatif du Québec dans la division des Mille-Îles. Il occupa ce poste jusqu'à l'abolition de l'institution en 1968.
M. Charron a indiqué que les premiers maires du village de Sainte-Thérèse et de la Paroisse Sainte-Thérèse, John Lonergan et Pierre Desjardins pourraient également être considérés.
Des noms d’infrastructures
Lorsque l’on fait une recherche rapide sur le moteur de recherche Google, le mot échangeur nous dirige directement vers l’échangeur Turcot qui fut nommé ainsi à la mémoire du marchand Philippe Turcot. Cet échangeur est suivi de près dans la liste par l’échangeur Dorval.
Parmi les tunnels célèbres, nous retrouvons le tunnel La Fontaine nommé ainsi en la mémoire de l’ancien premier ministre du Canada-Uni alors que le tunnel Viger fut nommé ainsi en la mémoire de Jacques Viger, premier maire de Montréal.
«Adolphe Chapleau a marqué l’histoire» - Marcel Tessier
Parmi tous les personnages qui lui viennent en tête, Joseph Adolphe Chapleau est le nom qui anime le plus l’historien Marcel Tessier pour baptiser l’échangeur A-640.
Ancien premier ministre du Québec et ministre conservateur sous John A. Macdonald, Joseph Adolphe Chapleau pourrait très bien donner son nom à une infrastructure d’envergure comme l’échangeur de l’A-640.
«C’est un très grand personnage de notre histoire. Il était l’ennemi juré du libéral Honoré Mercier» a justifié le coloré historien.
Dans sa jeunesse, le natif de Sainte-Thérèse-de-Blainville avait été choisi par la seigneuresse de Masson en compagnie de Louis Riel pour étudier au Collège de Terrebonne. En dehors de sa carrière politique, Joseph Adolphe Chapleau a enseigné le droit à l’Université de Montréal. Il a aussi fondé le journal Le Colonisateur.
Les frères Joseph, François et Jean Charbonneau ont aussi marqué le paysage de Sainte-Thérèse. « Vers 1740, ce sont les premiers cultivateurs qui sont venus labourer la terre de cette région », a souligné M. Tessier.
Marcel Tessier a soumis d’autres choix : «Il ne faudrait pas oublier le fameux Eustache Lambert Dumont qui fut l’un des premiers à venir s’établir lorsque la seigneurie des Mille-Îles a été séparée en deux pour former Blainville et Saint-Eustache», a expliqué l’historien.
Plus près de nous, Denis Hardy qui demeurerait toujours à Sainte-Thérèse a été député libéral aux côtés de Robert Bourassa. «C’est l’un des maîtres d’œuvre de la Révolution tranquille», s’est souvenu Marcel Tessier.
Le royaume du piano
Joseph Casavant du Séminaire Ste-Thérèse doit également faire partie de la discussion selon l’historien.
«Les orgues Casavant sont très reconnus. Le curé Ducharme, qui se spécialisait dans les cours de latin, a invité ce célèbre citoyen pour qu’il joue et répare l’orgue du Séminaire à de nombreuses reprises», s’est souvenu M. Tessier.
Les orgues ont aussi fait parti du quotidien de Damase Lesage. Ce dernier a acheté la fabrique d’orgues de Thomas Foisy pour éventuellement créer les fameux pianos Damase. Manufacture de pianos et d’orgue établie à Sainte-Thérèse-de-Blainville au début de 1891, l’entreprise fondée par M. Lesage devint le plus important fournisseur de pianos au Québec. Elle produisait des instruments sous son propre nom, mais aussi pour le compte des maisons Lindsay et Willis.
Finalement, Jean Roux est un commerçant qui a fourni de l’électricité aux rues de Sainte-Thérèse et au Séminaire pendant plusieurs années vers 1890. «C’était le propriétaire du moulin à scie et il possédait plusieurs commerces», a révélé Marcel Tessier.
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