Une première manche remportée par Patrimoine en tête

Par Claude-André Mayrand
Un projet de construction prévu dans le quartier St-Vincent-de-Paul a été refusé par le comité exécutif de la Ville, le mois dernier, mais l’association Patrimoine en tête craint la réplique du promoteur.
Selon l’association créée en 2001, le projet de construction proposé par le promoteur Palmerino Rossi au 369 rue Saint-Philippe contrevenait à la nouvelle réglementation établie en octobre 2010, qui favorise la rénovation ou la construction de maisons neuves en harmonie avec le bâti plutôt que la démolition des constructions.
M. Rossi désirait démolir la maison d’un étage qu’il a achetée pour y construire une nouvelle maison de trois étages sur le terrain du 369 rue Saint-Philippe, entre deux bungalows.
«Son projet ne respectait pas le plan d’implantation et d’intégration architecturale de Saint-Vincent-de-Paul, explique Philippe Gariépy, membre du conseil d’administration de Patrimoine en tête. La maison prévue était trop grosse pour le quartier et elle ne s’harmonisait pas avec le cachet patrimonial du secteur.»
Le comité exécutif de la Ville de Laval a demandé au Service d’urbanisme, qui avait préalablement accepté le projet, de revoir le dossier du promoteur.
«Il est rare que le comité exécutif refuse une nouvelle proposition et nous espérons que celle-ci va respecter la réglementation, ajoute M. Gariépy. Nous avons rencontré M. Rossi et sa maison pourrait s’intégrer dans la trame de fond du secteur s’il le désirait.»
Philippe Gariépy se défend bien d’être fermé à la modernité.
«Patrimoine en tête favorise la modernité dans un style qui respecte le patrimoine. Il y a déjà plusieurs maisons gigantesques qui ont été construites sur le bord de la rivière des Prairies avant l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation et nous ne voulons pas qu’elles s’étendent à tout le quartier», conclut-il.
Le patrimoine, une patate chaude à Laval?
C’est le deuxième dossier patrimonial à faire les manchettes à Laval en un peu plus d’un mois.
À Sainte-Rose, l’Association des citoyens et amis du Vieux Sainte-Rose tente d’empêcher la démolition d’une maison presque centenaire, que le nouveau propriétaire veut transformer en projet immobilier. <I>L’Écho de Laval<I> a traité le dossier dans ses pages et sur son site Internet le 28 février et le 29 mars derniers.
Le maire Alexandre Duplessis a commenté le sujet lors de la séance mensuelle du conseil municipal du 2 avril dernier.
«La Ville n’a aucun pouvoir légal ni aucun outil réglementaire pour empêcher une éventuelle démolition, explique-t-il. Le propriétaire nous a toutefois admis lors d’une rencontre qu’il est ouvert à revendre la propriété si une offre intéressante lui était proposée.»
La Ville de Laval a toutefois déjà annoncé, en mars, qu’elle ne rachèterait pas la maison centenaire pour assurer sa protection.
Selon Philippe Gariépy, le patrimoine est davantage un souci qu’une politique de préservation pour l’administration municipale.
«Les politiques patrimoniales ne sont pas appliquées rigoureusement, et ça remonte à l’administration Vaillancourt, qui n’accordait pas d’importance au patrimoine, explique-t-il. La nouvelle administration semble vouloir faire quelque chose de distinct, mais nous sommes encore loin de la situation idéale.»
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