Rouler pour le partage de la route

Par Claude-André Mayrand
Rencontrer un cycliste qui trouve sécuritaire la pratique de son sport, à Montréal ou en région, est plutôt rare. Avec le retour de la saison chaude, le moment est bien choisi pour s’interroger sur la sécurité des cyclistes, croit l’organisateur du volet lavallois du Tour du silence, Claude Garon.
«Les cyclistes ne sont définitivement pas en sécurité sur les routes, affirme M. Garon, qui considère que les automobilistes ont trop souvent tendance à s’approprier l’asphalte.
En Ontario et dans le nord des États-Unis, c’est beaucoup plus sécuritaire, alors qu’au Québec, les cyclistes se font frôler régulièrement.»
Pour illustrer son propos, M. Garon énonce les règles du code de la route au sujet des dépassements.
«On exige une distance de deux mètres pour dépasser un cavalier, mais 1,5 mètres pour doubler un cycliste. C’est insensé! »
Beaucoup de sensibilisation à faire
Louise Atkinson-Clark, une adepte du vélo originaire de Lorraine, croit qu’il y a beaucoup de travail à faire afin de changer les habitudes des automobilistes et des cyclistes.
«Les deux groupes doivent apprendre à partager la route, explique l’athlète de 63 ans, qui croit que davantage de publicité, surtout à l’approche de la saison du vélo, serait nécessaire à la sensibilisation.
Les automobilistes sont généralement agressifs envers les cyclistes lorsque ceux-ci roulent à trois de large, et c’est normal, car ils devraient être en file indienne. La clé est le partage de la route.»
Une miraculée
Habituée de participer au Tour du silence lavallois, Louise Atkinson-Clark prenait toutefois le départ à St-Lambert, hier soir, à l’invitation de son amie Karine Champagne, animatrice de TVA Sports.
Ayant survécu à un grave accident survenu en juillet dernier, Mme Atkinson-Clark représente bien l’idéologie derrière le Tour du silence.
«Je me considère comme une miraculée et mon accident m’a permis de faire un virage dans ma vie, raconte celle qui a subi 16 fractures, dont sept à la colonne vertébrale. Ce sont ma grande forme physique et mon moral à toute épreuve qui m’ont permis de passer au travers.»
Réseau cyclable mal adapté
Le maire de Laval, Alexandre Duplessis, prenait le départ au Centre de la nature. Adepte du cyclisme depuis plusieurs années, M. Duplessis participe à divers tours cyclistes pour des fondations et des bonnes causes.
«Avec notre politique de mobilité active, nous voulons augmenter notre réseau cyclable à Laval de 230 km et revigorer le réseau actuel au niveau de la signalisation et de l’entretien».
Il croit que le réseau actuel n’est pas adapté à la hausse de popularité du sport et que les automobilistes ne font pas assez attention.
«Le cyclisme est devenu un moyen de transport en soit et c’est l’apprentissage du partage de la route qui se fait», conclut-il.
Le Tour du silence en était à sa dixième édition, sa quatrième à Laval. Le mouvement est né au Texas, en 2003, pour honorer la mémoire d’un cycliste décédé. Environ une trentaine de participants ont bravé le temps gris et frisquet pour participer à l’événement.
Un total de 24 Tours du silence se sont déroulés simultanément dans 15 régions du Québec, mercredi soir.
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