Commission Charbonneau : Gilles Théberge toujours à la barre

Par Mélanie Colleu\Agence QMI
Pour la première fois depuis le début des audiences de la commission Charbonneau, un témoin a mis le doigt sur la qualité médiocre de l'asphalte au Québec.
Sans détour, l'ex-entrepreneur de Sintra, Gilles Théberge, a estimé que la qualité du bitume était en baisse depuis une «une bonne dizaine d'années sinon plus» à Montréal et au Québec en général.
«Je ne suis pas un expert en asphalte, mais les raffineries pressent le citron et ce qui sort est de moins bonne qualité», a-t-il dit lundi matin, au cours de son deuxième jour de témoignage devant la juge Charbonneau.
Cette situation a eu des conséquences directes sur la multiplication des nids de poule sur l'île, a-t-il acquiescé aux questions de la présidente.
Mais selon M. Théberge, le cartel de l'asphalte n'aurait pas joué avec la baisse de qualité des matériaux pour que les travaux soient à refaire chaque année. «Je ne pense pas que ça allait jusque-là», a-t-il avancé.
Tête à tête avec Vaillancourt
Un peu plus tard dans la matinée, Gilles Théberge est revenu sur la première rencontre qu'il avait eue avec l'ancien maire de Laval, Gilles Vaillancourt.
Vers 1997-1998, alors que Sintra essayait de faire sa place, l'entrepreneur a demandé à Claude Asselin, l'ex-directeur général de la Ville, un rendez-vous avec M. Vaillancourt pour lui présenter l'entreprise.
Les deux hommes se sont retrouvés au Tennis 13 de Laval. Gilles Théberge comprend alors qu'il n'a pas le choix d'entrer dans le «système» - c’est-à-dire la collusion - pour que Sintra subsiste et en «retire des effets bénéfiques».
C'est à partir de ce moment-là que l'entreprise en construction aurait commencé à s'arranger avec d'autres firmes collusionnaires.
Un an plus tôt, Sintra avait également amorcé son opération séduction auprès des fonctionnaires de Laval. Pour remercier le directeur du service Ingénierie, Claude Deguise, d'avoir permis à Sintra de travailler sur un projet de la Ville, Gilles Théberge est allé lui porter un chèque-cadeau de 800 $.
«C'était pour qu'il skie au Mont-Tremblant», a précisé le témoin.
Cadeaux contre faux extras
Lorsque Sintra oeuvrait à Montréal, offrir des cadeaux aux surveillants de chantier qui permettaient d'engranger des extras supplémentaires était pratique courante, a aussi expliqué M. Théberge.
Le fonctionnaire Luc Leclerc aurait ainsi bénéficié d'un aménagement paysager d'une valeur de 25 000 $ à son domicile personnel, entièrement payé par l'entreprise en construction.
Le témoin estime également avoir versé entre 6 000 et 10 000 $ à l'ingénieur Michel Lalonde de Génius. Bouteilles de vin et billets de hockey étaient aussi de la partie.
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.