Une coalition en appui au projet d’inversion de l'oléoduc 9 voit le jour

Par Christopher Nardi
À la suite de l’opposition formulée envers le projet d’inversion du flux de l’oléoduc 9 d’Enbridge par plusieurs organismes et communautés, voilà qu’une coalition formée d’organisations économiques et syndicales vient de se former afin d’appuyer la démarche de la compagnie.
Ce projet à l’étude par l’Office national de l’énergie (ONÉ), renverserait le flux du pipeline 9, qui coule de Montréal vers Sarnia, en Ontario. Enbridge compte également augmenter le débit quotidien, qui passerait de 240 000 à 300 000 barils, en plus de transporter du pétrole provenant des sables bitumineux d’Alberta.
«Dans le respect des meilleures normes environnementales possible, il s’agit d’un projet dont nous n’avons pas les moyens de nous passer, dit Daniel Cloutier, représentant national du Syndicat canadien des communications, de l’énergie et du papier (SCEP). Il s’agit de consolider et de développer des emplois et de créer de la richesse pour les décennies à venir.»
La conservation de l’industrie pétrochimique et des raffineries au Québec et les 2 000 emplois qui y sont rattachés demeurent le souci principal de la coalition. Selon les principaux intervenants, la fermeture de la raffinerie Shell en 2009 prouve qu’il faut encourager ce secteur et non pas le désavantager.
«Depuis la fermeture de la raffinerie Shell, il y a au moins quatre autres raffineries qui ont fermé dans l’est du continent, a déclaré André Brunelle, président de l’Association industrielle de l’est de Montréal. Si l’industrie n’a pas accès à une matière première de façon compétitive, ses chances de réussite sont compromises.»
Indépendance énergétique
Un thème qui préoccupe beaucoup les organismes environnementaux, autant que le secteur financier québécois, est l’indépendance énergétique du Québec. Selon les membres de la coalition, encourager l’industrie pétrolière canadienne et conserver les raffineries montréalaises au Québec est un grand pas dans la bonne direction.
«Il n’y a pas de problèmes avec ce projet, mais il y a plusieurs avantages, a expliqué Yves-Thomas Dorval, président du Conseil du patronat du Québec. Ce projet représente la dépendance ou l’indépendance en matière de sources d’énergie, par rapport au pétrole qui provient de l’Afrique, de l’Amérique du Sud, de l’Europe ou du Moyen-Orient. En termes de principes économiques, ça ne tient pas debout qu’on ne profite pas de ce pétrole.»
Projet absurde
Les organismes environnementaux, quant à eux, ne sont pas du tout convaincus par le projet d’Enbridge.
«Nous croyons que l’ensemble de la population du Québec doit se mobiliser contre ce projet, a déclaré Steven Guilbeault d’Équiterre. Enbridge a une feuille de route pitoyable quant à la sécurité de ses pipelines et est responsable du plus important déversement pétrolier en sol nord-américain en 2010 au Michigan».
Guy Garand, directeur général du Conseil régional de l’environnement de Laval, a aussi exprimé son désaccord envers le projet. «C’est une absurdité, surtout que le gouvernement du Québec a déjà parlé d’indépendance au pétrole [d’ici 2030] […] Je ne vois aucun intérêt d’avoir ça ici. Si on avait le malheur d'avoir une fuite, la gestion va fort probablement nous coûter plus cher que ce que le pipeline va nous rapporter.»
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