"Vaillancourt allait tout faire pour me détruire" - Vincent Auclair

Par Mélanie Colleu/Agence QMI
L'ex-député libéral Vincent Auclair savait qu'en révélant publiquement que Gilles Vaillancourt lui avait offert une enveloppe blanche pour sa campagne électorale, l'ancien maire de Laval allait «tout faire pour le détruire». Mais il ne s'attendait pas à recevoir si peu de soutien de son parti.
Vincent Auclair a expliqué en détail à la juge Charbonneau, jeudi matin, que Gilles Vaillancourt lui a bel et bien remis de l'argent en 2002, alors qu'il était candidat aux élections partielles dans la circonscription de Vimont.
Les deux hommes se sont rencontrés à l'Hôtel de Ville dans le bureau du maire, au printemps de la même année. Après quelques paroles échangées, ce dernier a tendu une enveloppe à M. Auclair.
«Il m'a dit : la politique c'est dur, ça va t'aider pour ta campagne», a rapporté l'ex-député.
«C'est un peu particulier, un peu saisissant, c'est le maire de Laval», a-t-il poursuivi. Impressionné, puis extrêmement mal à l'aise devant l'insistance de M. Vaillancourt, Vincent Auclair finit par l'accepter et quitte les lieux sans s'éterniser.
«Si vous y tenez, ce sera votre donation au PLQ», a-t-il dit à son interlocuteur. «C'était ma façon de me sortir de là», s'est-il justifié.
Vincent Auclair s'est ensuite rendu à son bureau de campagne rapporter cet évènement à son organisateur politique George Boudreault. Il lui a remis l'enveloppe et lui a dit de s'en occuper.
«Tu règleras ça avec ton chum parce moi je ne veux rien savoir de ça», a-t-il lancé. Selon lui, M. Boudreault a retourné l'argent au maire, mais il admet n'avoir jamais abordé le sujet dans les détails avec son organisateur politique.
Rappelons que Georges Boudreault a été arrêté par l'UPAC au printemps 2012 aux côtés de l'homme d'affaires Tony Accurso. Il est accusé d'abus de confiance et de participation à une infraction.
Vaillancourt, «un gros mur»
Huit ans plus tard, cet épisode que Vincent Auclair avait préféré oublier a refait surface publiquement. Interrogé par un journaliste, l'ex-député a fini par confirmer le geste de Gilles Vaillancourt.
«Je savais que j'allais frapper un gros mur, que Vaillancourt allait tout faire pour me détruire. Mais je ne savais pas que ça allait être si gros que ça», a-t-il confié à la juge Charbonneau.
Du jour au lendemain, il est devenu personne indésirable dans toutes les activités de Laval. Le bureau d'étude de son père a également perdu tous ses contrats avec la Ville.
«Il m'en voulait à mort et c'est correct (…) J'avais brisé sa réalité», a-t-il déclaré.
Sans surprise, il n'a pas tardé a recevoir une mise en demeure.
«Il disait qu'il allait utiliser tous les moyens possibles et inimaginables pour me poursuivre». Vincent Auclair était inquiet. «Je n'avais pas un fond de guerre. Personne n'allait payer mes frais d'avocat».
«Le PLQ m'a totalement abandonné»
L'ancien député libéral a également exprimé sa grande déception devant l'immobilisme de sa formation politique. Il s'est rendu compte qu'il allait traverser cette épreuve seul, sans soutien.
«Je ne sentais pas le support de mon parti (…). Il m'a totalement abandonné. Le message c'était : on n’ira pas te défendre plus loin», a-t-il rapporté.
«Le parti ne reconnaissait rien, et j'avais Gilles Vaillancourt sur le dos», a-t-il résumé. Il a quitté la politique en 2012.
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