Commission Charbonneau : Jean Gauthier persiste et signe

Par Mélanie Colleu/Agence QMI
L'ex-notaire Jean Gauthier a maintenu dur comme fer, jurant sur la tête de ses quatre petits enfants, n'avoir jamais parlé du système de ristournes avec le maire Gilles Vaillancourt.
Cuisiné à tour de rôle par la juge France Charbonneau et le procureur de la commission Me Denis Gallant, Jean Gauthier a campé sur sa position ce matin : il a bien récolté de l'argent des firmes de génie-conseil pour alimenter la caisse occulte du PRO, mais il n'a jamais parlé de ce système de redevances avec l'ex-maire Vaillancourt.
Jean Gauthier a tout de même fini par admettre que l'argent qu'il recueillait correspondait bien à une «quote-part», un pourcentage que les bureaux d'ingénierie ponctionnaient sur la valeur des contrats publics qu'ils obtenaient.
«Ça coule de source, c'est sûr (…). C'est bien facile à deviner que c'était en lien avec les contrats», a-t-il déclaré après de longues minutes d'interrogatoire.
Mais il a continué de prendre ses distances vis-à-vis de Gilles Vaillancourt. Il a assuré n'avoir jamais eu de mandat précis et direct venant de l'ancien maire.
Selon lui, M. Vaillancourt avait simplement indiqué aux ingénieurs de se rendre à son bureau pour payer leur contribution. M. Gauthier a même confié avoir été flatté de la confiance que le maire lui faisait.
«On vous a mis dépositaire de millions de dollars sur des années et vous ne rendiez aucun compte au maire, a lancé Me Gallant, étonné que M. Vaillancourt, que Gauthier affirme ne jamais avoir fréquenté, ait pu placer «toute cette confiance dans un petit notaire de quartier» sans jamais lui en parler.
«Ou alors vous faites de l'aveuglement volontaire, vous jouez à l'autruche. Vous avez la tête dans le sable à je ne sais pas combien de pieds», a poursuivi le procureur, loin de se satisfaire des explications du témoin.
La collusion ? Connais pas
Et Jean Gauthier ne s'est pas arrêté là. Il a également affirmé n'avoir jamais été au courant d'un quelconque système de collusion entre les firmes de génie.
«Je vais le nier jusqu'à la fin de mes jours», a-t-il affirmé.
Il n'aurait pas non plus touché de contrepartie pour avoir tenu ce rôle de collecteur de ristournes pendant une dizaine d'années : «J'ai quatre petits enfants que j'adore, a-t-il poursuivi. Et je jure sur leur tête que je n'ai jamais retiré aucun sou de ça».
Passage de témoin à Bertrand
Selon le témoignage de l'ancien notaire, il a cessé son activité de collecteur en 2006, puis passé le témoin à l'ex-agent officiel du PRO, Jean Bertrand. Le tout, toujours sans en parler au maire Vaillancourt.
Lorsque Me Gallant a passé en revue les déclarations des différents ingénieurs qui se sont présentés à la barre de la commission, Jean Gauthier a revu à la baisse le nombre d'enveloppes remplies d'argent remises à son bureau.
Il a estimé que chaque firme lui remettait environ 20 000 $ par année.
Claude Asselin, prochain témoin
Une fois le témoignage de l'ancien notaire Jean Gauthier terminé, la commission entendra l'ex-DG de la Ville de Laval, Claude Asselin.
M. Asselin est le premier témoin accusé de gangstérisme dans l'opération Honorer de l'UPAC à venir s'expliquer devant la juge Charbonneau.
En mai dernier, il a été arrêté par les enquêteurs à Laval en lien avec des activités de corruption et de collusion dans le monde municipal aux côtés de 36 autres personnes, dont l'ex-maire Gilles Vaillancourt et l'ancien directeur du service Ingénierie de la Ville, Claude Deguise. Les trois hommes sont désormais accusés de gangstérisme.
Lors de son témoignage, l'ingénieur Roger Desbois de la firme Tecsult, a révélé que Claude Asselin lui avait demandé de tenir le rôle de «collecteur» des ristournes auprès des entrepreneurs en construction collusionnaires. Le système était orchestré, selon lui, par MM. Asselin et Deguise.
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