Vaillancourt omniprésent et omnipuissant

Par Hugo Bourgoin\Agence QMI
C'est un Claude Asselin visiblement mal à l'aise qui a commencé à témoigner devant la Commission d'enquête sur l'octroi et la gestion des contrats publics dans l'industrie de la construction (CEIC) cet après-midi.
L'ex-directeur général de la Ville de Laval, qui a occupé cette fonction de 1988 à 2006, n'a pas été en mesure d'expliquer avec précision pourquoi il n'a pas signalé aux autorités la collusion qui se déroulait sous ses yeux.
«Ce n'était pas dans mon mandat d'agir», a-t-il lancé, ulcérant du même coup la présidente France Charbonneau.
«Êtes-vous en train de dire qu'un DG qui se rend compte de malversations ont lieu dans sa ville n'a pas le devoir de le dénoncer?», lui a-t-elle demandé. «Si tout se reproduisait maintenant, je pense que oui, qu'il y aurait moyen d'intervenir», a répondu M. Asselin.
L'ex-DG a expliqué dès le début de son témoignage que les rumeurs de collusion étaient bien présentes en 1997. «C'était chose connue», a-t-il affirmé, ajoutant que rien n'avait été fait concrètement pour tenter d'enrayer le phénomène.
Vaillancourt, le roi
Le témoin s'est aussi affairé à expliquer la façon de faire de l'ex-maire de Laval, Gilles Vaillancourt, qui menait l'administration d'une main de fer.
«À Laval, le maire c'est le chef incontesté de l'administration. C'est un homme très influent. Le maire de Laval était très présent et très puissant», a dit Asselin, ajoutant que les décisions du premier magistrat étaient difficilement contestables.
C'est d'ailleurs Gilles Vaillancourt qui décidait du pourcentage des contrats à octroyer à chacune des firmes de génie-conseil avant l'entrée en vigueur de la loi 106. Ces chiffres étaient par la suite transmis au service du génie.
Pour ce qui est des entrepreneurs, le maire aurait demandé à Claude Asselin dès 1996 de favoriser certaines entreprises au détriment d'autres.
«Après la séance du comité exécutif, le maire m'a demandé: Est-ce que c'est possible d'arriver à tel résultat? J'ai communiqué cette commande au directeur du service de génie en lui disant qu'il y avait un budget à respecter», a expliqué le témoin appelé à raconter la première demande de la sorte.
Claude Asselin a reconnu qu'il savait, à l'époque, qu'il commettait un geste illégal en ne respectant pas le processus d'appel d'offres.
L'ex-DG, qui a été arrêté lors de l'imposante frappe de l'Unité permanente anticorruption, le 9 mai dernier à Laval, poursuivra son témoignage mercredi matin.
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