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Commission Charbonneau : Claude Asselin était incapable de dénoncer la corruption

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20 juin 2013
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Par Mélanie Colleu\Agence QMI
LAVAL - 

Claude Asselin aimait trop son travail pour se risquer à dénoncer la collusion qui sévissait à Laval, a-t-il laborieusement expliqué mercredi devant la commission Charbonneau.

 

C'est par crainte des «répercussions» que l'ancien directeur général de la Ville de Laval aurait choisi de ne pas parler du système illégal de partage des contrats publics entre les entrepreneurs et les firmes de génie-conseil.

«Ça ne me regardait pas (…). Je n'en avais pas les moyens (…). Ce n'était pas mon rôle» n'a cessé de répéter le témoin. Des réponses qui n'ont pas convaincu une seconde la commission.

«Il va falloir que vous nous l'expliquiez une fois pour toutes pourquoi vous n'avez pas fait de démarche, vous étiez le premier fonctionnaire de la Ville», a fini par lancé le procureur Me Crépeau.

«Vous auriez pu être un premier maillon pour faire en sorte que ce système cesse, ou bien c'était la loi d'omerta?», a renchéri la juge France Charbonneau.

Claude Asselin a alors livré que le fait d'avoir trempé lui-même dans le système de collusion lui avait permis de garder une bonne relation avec le maire Vaillancourt, relation dont il avait besoin pour effectuer le reste de ses tâches.

«Le fait d'avoir participé à certaines choses me permettait de faire le reste de mon travail avec plus d'efficacité», a-t-il admis, très frileux à l'idée d'aller voir la police.

Le témoin avait en effet révélé plus tôt en matinée que le maire Vaillancourt lui demandait régulièrement de favoriser telle ou telle entreprise en construction pour qu'elle remporte un contrat.

Mais son rôle ne consistait qu'à faire part des requêtes de M. Vaillancourt à Claude Deguise, alors directeur du service Ingénierie de la Ville. Il a dit ignorer la façon dont ce dernier truquait le processus pour arriver au résultat souhaité par le maire.

Les trois hommes sont accusés de gangstérisme depuis leur arrestation par l'UPAC en mai denier.

Vacances et jardinage chez Tony Accurso

La commission a également abordé les liens privilégiés qu'entretenait Claude Asselin, le plus haut fonctionnaire de Laval, avec des entrepreneurs en construction.

Il est ainsi parti en vacances aux îles Vierges avec Tony Accurso sur «un bateau de location». Les deux hommes étaient accompagnés de leurs épouses qui se connaissent très bien.

Par ailleurs, le fils de Claude Asselin a entretenu le jardin de M. Accurso et a séjourné dans sa résidence d'été. Il a enfin travaillé pour Simard-Beaudry, l'entreprise de l'homme d'affaires.

Me Paul Crépeau a également cherché à savoir si Claude Asselin n'avait pas déjà favorisé un autre ami entrepreneur à lui, Valmont Nadon, dans l'obtention d'un lucratif contrat à la Ville de Laval. Mais ce dernier a nié tout en bloc.

Les audiences de la commission Charbonneau reprendront le 3 septembre après une trêve estivale.

Commission Charbonneau : Claude Asselin protège Claude Deguise

L'ancien directeur général de la Ville de Laval, Claude Asselin, n'a eu que des bons mots pour son ancien collègue Claude Deguise, l'ex-directeur du service ingénierie de la Ville, pourtant dépeint par plusieurs témoins comme un véritable tyran lunatique qui organisait la collusion.

«C'est un ingénieur d'expérience, d'une grande compétence […] avec une mémoire phénoménale. Il pouvait suivre 50 dossiers de front», a-t-il expliqué mercredi lors de son témoignage devant la commission Charbonneau.

Depuis qu'il est question de Laval à la commission, Claude Deguise a pourtant été décrit par plusieurs témoins comme un «homme méchant, imprévisible et bipolaire», qui avait mis en place un «régime de terreur» dans son service.Mais Claude Asselin a atténué ces dires en parlant du «caractère peut-être un peu prompt» de son ancien collègue, qu'il cherchait visiblement à protéger. «Il pouvait être incisif, exigeant au niveau du personnel. C'est un homme très autonome», a-t-il ajouté.

Claude Deguise a été désigné comme le chef d'orchestre de la collusion, qui agissait sous les ordres de ses supérieurs, Claude Asselin et l'ex-maire Vaillancourt. Les trois hommes sont accusés de gangstérisme depuis leur arrestation par l'UPAC en mai denier.

«En tête-à-tête» avec Vaillancourt

Claude Asselin a répété mercredi matin que le maire Vaillancourt lui demandait régulièrement de favoriser telle ou telle entreprise en construction pour qu'elle remporte un contrat.

«Ça se passait dans le bureau du maire, en tête-à-tête», a-t-il décrit.

Mais son rôle ne consistait qu'à faire part des requêtes de M. Vaillancourt à Claude Deguise. Il a dit ignorer la façon dont ce dernier truquait le processus pour arriver au résultat souhaité par le maire.

«Je ne suivais même pas les résultats des appels d'offres», a-t-il ajouté.

Du côté des firmes de génie, après la loi interdisant l'octroi des mandats de gré à gré, l'ex-DG de Laval a même été jusqu'à dire qu'il n'y avait plus de collusion selon lui.

Auparavant, le maire établissait un pourcentage de mandat à attribuer à chaque bureau de génie.

Si le partage des contrats a perduré, «ça ne passait pas par mon bureau», a-t-il précisé, se dégageant de toute responsabilité.

Il a également nié plusieurs allégations dirigées contre lui. Il ne serait entre autres jamais intervenu auprès de l'ingénieur Roger Desbois de Tecsult, pour qu'il remplace Marc Gendron au titre de «collecteur» des ristournes des entrepreneurs pour la caisse occulte du PRO des Lavallois.

Selon M. Desbois, Claude Asselin l'avait menacé de baisser la part de marché de sa firme de génie s'il n'acceptait pas de prendre la relève de M. Gendron.

«Non, moi je n'avais pas d'affaire là-dedans», a réfuté le témoin.

Les audiences reprendront le 3 septembre

Les audiences de la commission Charbonneau ont finalement été ajournées une journée plus tôt que prévu pour la période estivale. Elles reprendront le 3 septembre.

Dans son exposé de fermeture, la procureure en chef Me Sonia LeBel a expliqué que la commission s'affairera, au cours des prochaines semaines, à poursuivre son travail d'enquête en vue des audiences de l'automne.

La CEIC a jusqu'à maintenant entendu 81 témoins qui ont notamment permis de mettre au jour les systèmes de collusion de Montréal et Laval.

 

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