De la rue à l’université : un décrocheur sauvé de la délinquance par le sport

Par Florence Meney\Agence QMI
Un jeune décrocheur qui a flirté avec le crime et le suicide est parvenu à vaincre ses démons et à reprendre le chemin de l’école. Mathieu Léonard-Martel, 24 ans, fera ce mardi son entrée à l’université en communication à l’UQAM.
Il y a quatre ans seulement, Mathieu était délinquant et en proie à la dépression. C’est grâce aux Princes de la rue qu’il a pu s’en sortir et croire en l’avenir.
Mathieu est un jeune homme articulé et souriant. Sa musculature travaillée témoigne de longues heures passées à s’entraîner à son sport de prédilection, la boxe, au gym d’Ali Nestor, l’instigateur des Princes de la rue, un organisme qui vient en aide aux jeunes en difficulté.
Difficile aujourd’hui de discerner derrière cet athlète en forme l’adolescent perturbé aux prises avec la délinquance et la dépression.
Mathieu est né à Laval. Il a passé son enfance avec sa mère et ses deux frères dans le quartier Chomedey. Il souffrait d’une maladie rare nécessitant des traitements lourds, l’hypoglycémie congénitale et surrénale, et a passé les 10 premières années de sa vie essentiellement à l’hôpital.
«J’étais très frêle, je devais prendre une tonne de médicaments, puis, avec les traitements, j’ai commencé à grossir, beaucoup grossir.»
C’est ainsi que, dès son enfance, Mathieu s’est senti différent. À l’école, il ne s’intégrait pas. «Je n’ai jamais été populaire, j’ai eu de l’intimidation, du rejet», a-t-il raconté.
Graduellement, il a perdu tout intérêt pour les études et pour l’existence en général. Sa mère, l’amour de sa vie, dit-il, tentait de le secouer, de l’épauler, «mais je me repliais sur moi-même. Je suis passé proche du suicide à deux reprises entre l’âge de 8 et 12 ans».
Du mal de vivre sont nés le décrochage scolaire, puis la délinquance : «J’ai fait des conneries. J’ai vendu des stupéfiants, du pot, de la cocaïne. Je ne m’en cache pas. Et j’ai volé. J’ai beaucoup volé, autos, autoradios, tout ce qui me tombait sous la main.»
Mathieu se tenait en marge du milieu des gangs de rue, mais toujours avec prudence.
Étonnamment, malgré les vols à répétition, il n’a jamais été arrêté et n’a donc pas de casier judiciaire : «Je me disais qu’il fallait garder cela simple et je ne me suis jamais fait prendre.»
Princes de la rue
C’est à 21 ans que Mathieu s’est réveillé. Décrocheur en secondaire 3, délinquant, il voyait ses amis se faire arrêter, se voyait foncer droit dans le mur. «Je suis allé voir Ali Nestor et les Princes de la rue, ce sont eux qui m’ont sauvé», a-t-il raconté avec émotion. L’organisme du champion de sports de combat, lui-même un survivant des gangs de rue, offre un programme intégré de sports et d’études encadré aux jeunes à risque, avec des résultats tangibles. Mathieu est l’un de ses succès. Il est d’ailleurs devenu l’un des porte-parole des Princes et il travaillera même comme intervenant auprès des jeunes dès cet automne.
Jeune garçon, Mathieu regardait, lointaines et inaccessibles, les vedettes de la télévision et de la radio. Aujourd’hui, alors qu’il entame ses cours en communication à l’UQAM, il se voit très bien faire partie un jour de cet univers : «J’aimerais travailler dans le milieu des médias, comme animateur ou chroniqueur.»
Les portes ouvertes de l’université sont pour lui un pas de géant vers la réalisation de ce rêve.
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