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Rapport du Club de Rome

La fin de la croissance économique sera «intentionnelle ou catastrophique»

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19 mai 2025
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Par La Presse Canadienne

Il y a 50 ans, le Club de Rome publiait un rapport scientifique qui prévoyait que la croissance et la consommation effrénées entraîneraient éventuellement l’effondrement de la société.

Cette semaine à Montréal, une chercheuse du même Club de Rome, a expliqué qu'à moins que les humains réussissent à redéfinir ce qui a de la valeur, cette prévision est sur le point de se produire.

En 1972, le best-seller «The Limits to Growth», connu sous le nom de Rapport Meadows, expliquait que, si l'humanité continuait sa croissance économique sans tenir compte des coûts environnementaux, les humains connaîtraient une pénurie de matières premières, un appauvrissement des écosystèmes, une forte baisse en nourriture disponible et une chute brusque et importante du niveau de vie.

Ce rapport avait été publié par le Massachusetts Institute of Technology et le Club de Rome, un groupe de réflexion composé d’industriels et de scientifiques.

«Le but de ce rapport était d’essayer de comprendre pourquoi, malgré toutes nos innovations et tous nos progrès, nous sommes confrontés à des problèmes récurrents de pauvreté, de pollution, de pénurie, de conflits et d’ instabilité financière», a résumé l’économiste et chercheuse Gaya Herrington, mercredi, au Sommet de la finance durable à Montréal.

Lors d’une présentation devant des centaines de participants, la chercheuse néerlandaise a expliqué que les auteurs du Rapport Meadows «avaient à l’époque constaté, avec surprise, que la cause principale de tous ces problèmes était la poursuite de la croissance économique».

Les conclusions du rapport mettaient en garde qu’une croissance continue mènerait à un effondrement de la société au cours du 21e siècle.

Revisiter le rapport 50 ans plus tard

Cinquante ans après la publication de ce document choc, Gaya Herrington, elle-même membre du Club de Rome, a comparé les différents scénarios du Rapport Meadows avec des données empiriques disponibles en 2019.

Ses recherches, publiées en 2021 dans le Yale Journal of Industrial Ecology, arrivent aux mêmes conclusions qu’en 1972 : si la croissance demeure la priorité de notre système économique, l’effondrement de la société est inévitable dans les prochaines décennies.

« Business as usual »

Les auteurs du Rapport Meadows avaient utilisé une modélisation mathématique appelée «World3», pour étudier les interactions entre plusieurs variables, telles que la population mondiale, la fécondité, la mortalité, la production industrielle de nourriture par habitant, la production de ressources non renouvelables et la pollution, notamment.

«À la lumière de mes recherches, je ne connais aucun autre modèle scientifique qui est demeuré aussi pertinent et aussi précis pendant des décennies», a expliqué Gaya Herrington.

Malheureusement, les scénarios catastrophes évoqués dans le rapport Meadows en 1972 sont sur le point de se réaliser, selon l’économiste, qui est aujourd'hui à l’emploi de Schneider Electric, une multinationale active dans la transition énergétique.

L’un des scénarios évoqués dans le rapport de 1972, nommé «business as usual», prédit que la quête perpétuelle de croissance économique aboutirait à une pénurie de ressources naturelles.

Selon ce scénario, la diminution de la disponibilité des ressources naturelles provoquerait la fin de la croissance économique, la production alimentaire chuterait et les crises économiques se succéderaient.

Dans un autre scénario, «business as usual 2», l’effondrement de la société serait provoqué par une crise environnementale.

«Le temps presse», a indiqué Gaya Herrington en rappelant aux participants du sommet que «nous avons transgressé 6 des 9 limites planétaires», que «nous n’avons jamais émis plus d’émissions de CO2 que dans la dernière année», que «la production de combustible fossile bat des records et que la demande pour le charbon n’a jamais été aussi élevée».

L’effondrement de la société ne signifie pas la fin de l’humanité, mais réfère plutôt à une «forte baisse» des conditions de vie par rapport à «un pic précédent», a précisé Gaya Herrington.

Scénario techno (CT)

Un troisième scénario évoqué dans le Rapport Meadows suggère que les technologies et la capacité des humains à innover pourraient permettre «d’éviter un effondrement total».

Ce scénario, appelé CT, pour «comprehensive technology», suppose une innovation technologique sans précédent dans un monde qui ne changerait pas ses priorités. Dans un tel scénario, le déclin de la société est retardé, mais les coûts des technologies sont si élevés que les ressources viennent à manquer pour la production agricole, les services de santé et l'éducation.

Dans un résumé de ses recherches publié sur le site web du Club de Rome, Gaya Herrington pose les questions suivantes concernant ce scénario:

«Pourquoi utiliser notre capacité d'innovation pour inventer des robots pollinisateurs afin de remplacer les abeilles, si nous avons également le choix d'inventer des pratiques agricoles qui n'ont pas l'effet secondaire des insecticides ? Pourquoi utiliser des drones pour planter de nouveaux arbres, alors que nous pourrions également restructurer notre économie afin que les forêts existantes ne soient pas abattues et brûlées ? Maintenant que l'humanité a atteint une dimension mondiale et un pouvoir sans précédent pour façonner son destin, les limites de la croissance nous imposent la question suivante : qui voulons-nous être et dans quel monde voulons-nous vivre ? »

Un «monde stabilisé»

La chercheuse Gaya Herrington a expliqué aux participants du Sommet de la finance durable, un quatrième scénario, appelé «monde stabilisé».

Dans ce cas de figure, l'humanité passe d’une société axée «sur la consommation matérielle et la croissance industrielle» à une société qui priorise «les services de santé et d'éducation, ainsi que les technologies de réduction de la pollution» et «l'utilisation efficace des ressources».

Ce scénario, qui implique de redéfinir ce qui a de la valeur, «permet d'éviter l'effondrement» et de maintenir l'humanité à un «haut niveau de bien-être», selon la chercheuse.

Dans ce système, «les humains ne sont pas contre la croissance, mais ils sont plus sélectifs. Si la croissance d’un secteur contribue au bien-être, alors on peut la stimuler. Mais si la croissance d’un secteur ne contribue pas au bien-être, pourquoi continuer ?»

S’adressant aux gens d’affaires réunis dans la salle d’un établissement du Vieux-Montréal, la chercheuse s’est dite consciente que «changer notre système économique demande des efforts».

Toutefois, a-t-elle ajouté, «gérer les conséquences de l'effondrement des écosystèmes demande également beaucoup d'efforts».

Le choix qui s’offre «n’est pas de poursuivre ou non la croissance»

Prioriser la croissance à tout prix nous a menés au bord de l’effondrement social et environnemental selon Gaya Herrington, et le choix qui s’offre aux humains «n’est pas de poursuivre ou non la croissance».

La question est plutôt «de savoir si la fin de la croissance sera intentionnelle ou catastrophique».

L’opportunité de «prendre une telle décision» ne sera pas toujours présente, alors soit nous définissons nos propres limites, ou alors, ces limites, selon elle, nous seront imposées.

Stéphane Blais, La Presse Canadienne

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