Faire parler la cause berbère
Par Anne-Marie Provost
Sedoud Mas Ansan a quitté l’Algérie en 2001 et réside à Laval depuis maintenant sept ans. C’est ce qu’il appelle la « crise multidimensionnelle » du peuple berbère, implanté en Afrique du Nord, qui lui a donné envie de quitter son pays natal et d’écrire un livre sur la question, Une montée de lait patriotique.
« Il y a une tension entre les traditions et un nouveau contexte social en Algérie. Il y a moins de mariages parce qu’il y a une crise du logement, les jeunes vont à l’école, mais se retrouvent sur le chômage et le gouvernement a de la difficulté à maîtriser ses politiques, il fait de la démocratie spécifique », énumère l’auteur, lui-même Amazigh (berbère).
Son livre, en vente au Québec et en France, met en scène Tawas, une jeune femme de 24 ans résidant en Kabylie, une région algérienne avec une population principalement amazigh.
Le livre de plus de 500 pages plonge au cœur des contradictions identitaires amazighes et fait une charge à fond de train contre l’islam politique, que l’auteur accuse d’avoir « confisqué l’identité berbère ».
« Mon personnage principal est une femme parce qu’en Algérie, le code de la famille, qui s’inspire de l’islam et met en veilleuse les droits des femmes, qui restent des mineures à vie », critique Sedoud Mas Ansan.
Dans Une montée de lait patriotique, Tawas est formatée pour devenir un modèle de la bonne épouse soumise et aidante dont la fonction est de mettre au monde des garçons. Son avenir est façonné par les hommes et sa famille qui souhaitent la marier le plus rapidement possible.
L’auteur se permet parfois des digressions en italiques dans ses pages pour expliquer le contexte social et l’historique amazigh.
« Il y a une tension entre les Berbères et les Arabes depuis le 7e siècle, ce qui a entraîné notre conversion à l’islam. Le gouvernement occulte le conflit pour ne pas diviser le pays », accuse-t-il. Il ajoute que le 20 avril 1980, les Berbères se sont mobilisés en Algérie pour revendiquer des droits identitaires, qu’il y a eu répression et qu’elle continue chaque année de commémoration.
Selon lui, le livre doit être lu pour mieux comprendre ce que sont les Berbères et pour découvrir un peuple dont l’histoire est méconnue.
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.