En 10 Questions avec Andrée Courteau, présidente-directrice générale de Tourisme Laval

Par Ghislain Plourde
La présidente-directrice générale de Tourisme Laval, Andrée Courteau, annonçait récemment son départ de la tête de l’organisation. Entretien avec celle qui a piloté l’industrie touristique durant près de 20 ans et qui a été témoin privilégié de la métamorphose majeure de Laval.
1- Pourquoi quittez-vous Tourisme Laval? Vous avez d’autres projets professionnels?
Je quitte pour prendre ma retraite. C’est une jeune retraite bien appréciée. J’ai la chance de pouvoir le faire en sachant que je laisse l’organisation entre de très bonnes mains. J’ai été privilégiée à 33 ans qu’on me confie la direction générale de Tourisme Laval. On m’a fait confiance, on s’est fait confiance. Au fil des ans, j’ai pu compter sur un conseil d’administration extrêmement généreux, une équipe extraordinaire de gens, dans les bureaux et sur le terrain, passionnés par le tourisme. Nos membres ont toujours été au rendez-vous et continuent de le faire. Les partenariats, les projets réalisés en concertation avec les acteurs du milieu ont été tellement nombreux. Je serai toujours reconnaissante de la confiance qu’on m’a témoignée.
2- Décrivez-nous l’évolution touristique des 20 dernières années.
Lorsque je suis arrivée en poste, l’un de mes mandats était de rééquilibrer les clientèles. En 1995, 72 % de nos activités étaient du tourisme d’affaires et 27 % du tourisme d’agrément. Aujourd’hui, on regarde les chiffres, on peut dire mission accomplie. Le tourisme d’agrément représente 50,14 % de nos opérations. En termes d’investissement, seulement depuis 2007, ce sont 193 M$ qui ont été placés en capital dans le tourisme en général, dont beaucoup dans le produit d’agrément. Ce que l’on a constaté dans notre dernière planification stratégique, c’est qu’il y a une très grande concentration de produits dans un rayon de deux kilomètres autour du Centropolis et ça c’est une très grande force pour une ville.
3- Quel est le portrait touristique global à Laval?
En 1995, la région accueillait 269 072 visiteurs. En 2012, ce chiffre avait augmenté de plus de 241 % (919 470). Les recettes touristiques, à mon arrivée, étaient d’un peu plus de 52 M$ alors qu’aujourd’hui, elles sont de 191 M$. Le taux d’occupation des chambres est passé, pour la période 1995-2012, de 57 à 68,3 % c’est phénoménal alors qu’au Québec, le taux en 2012 était de 52 %. Les retombées touristiques médiatiques étaient nulles à mes débuts. En 2012, on parlait d’une portée de 7,5 M$.
4- Les bouleversements politiques des dernières années ont-ils eu des impacts sur le tourisme?
Ce que je peux vous dire c’est que les projets qu’on croyait pouvoir réaliser à plus court terme ont vu leur échéancier être repoussé et c’est compréhensible. Maintenant, on est passés en mode accéléré. Je pense qu'il y a une volonté très claire de faire arriver les choses dans les meilleurs délais possibles.
5- Le tourisme d’affaires demeure une niche importante. Quelle autre spécialité pourrait prendre le relais?
Le tourisme sportif est appelé à prendre une part importante du gâteau. La venue de la Place Bell et du Complexe aquatique, par exemple, d’abord pour répondre à la qualité de vie des Lavallois, va, de plus, servir de levier pour solliciter des évènements d’envergure nationale et internationale. Ce type de tourisme, essentiellement le week-end, viendra combler des périodes de disponibilité dans nos hôtels qui sont toujours un peu plus occupés en semaine.
6- Laval devrait-elle se doter d’une autre activité touristique permamente?
Il faut définitivement attirer plus de produits touristiques dans la région. Il faut attirer les investisseurs, il faut trouver les bonnes idées et les faire atterrir à Laval. Les capitaux sont là, mais présentement le marché est frileux. Je pense, cependant, que tout ce qui a été semé, au cours des dernières années, va ouvrir des portes, va rapporter. On a cru, un certain temps, qu’on aurait un parc aquatique à Laval avec un hôtel. Malheureusement, pour toutes sortes de raisons, le projet ne s’est pas concrétisé. Ce n’est que partie remise, on doit avoir un nouvel attrait.
7- Quels sont les attraits les plus populaires?
On a réussi à développer un produit unique avec le Cosmodôme, SkyVenture, Maeva Surf, le Centre de l’interprétation de l’eau (C.I.EAU), le Musée Armand-Frappier. Ce sont des petites perles, des bijoux avec lesquels on a réussi à se créer une identité familiale très forte. Ajoutez le Parc de la Rivière-des-Mille-Îles, un endroit enchanteur prisé par les amants de la nature. Nous avons de belles attractions. De même, le secteur de la restauration et le Carrefour Laval demeurent deux destinations de choix pour les touristes.
8- Êtes-vous fière de ce qui a été accompli à Tourisme Laval depuis 18 ans?
Des réussistes, on en a eues tellement. Parmi les bons coups des dernières années, c’est cette participation au projet-pilote Approche BNQ 21000 qui me rend heureuse. Nous avons été les cobayes de cette méthodologie invitant les entreprises à adopter des pratiques de gestion durable. Puisque Laval est composée, en bonne partie, de PME, les gestionnaires de ce programme ont pris acte de nos suggestions et ont mis en place une démarche qui s’applique véritablement à ce type d’entreprise.
9- Avez-vous eu des déceptions au fil des ans?
Lorsque j’ai développé la première planification stratégique, on m’a dit de développer ma patience. Les projets en tourisme ce n’est pas si simple, il y a un lot d’intervenants, un processus à respecter, un nombre important de programmes. Il faut faire arriver tout ça à un moment précis. Les conditions gagnantes doivent être réunies. Le Centre de foires, qu’on attend impatiemment, va se réaliser un jour. J’y ai rêvé et j’en rêve encore aujourd’hui, j’en suis certaine.
10- En matière touristique, comment voyez-vous Laval dans 10 ans?
Je suis convaincue qu’on peut devenir le pôle de développement touristique d’affaires dans la mesure où on confirme nos équipements. On peut aussi devenir une destination vraiment reconnue en tourisme sportif avec, bien sûr, la mise en place d’infrastructures et de matériel, la Place Bell entre autres, mais également avec l’élaboration d’une prestation de services qui va répondre à la fois aux besoins de ces clientèles-là et des citoyens.