Lucian Bute ne l’a pas eu facile devant Denis Grachev, samedi soir au Centre Bell. Malgré tout, son entraîneur, Stéphan Larouche, dresse un bilan positif du retour de son poulain.

«Il vivait quelque chose de difficile. Avec le résultat qu’il a obtenu à son dernier combat contre Carl Froch, il partait de loin, a-t-il évalué. Si Lucian avait 26 ans, on aurait choisi quatre gars faciles sur une période de deux ans et il aurait gagné avec des K.-O. spectaculaires. L’adversaire qu’on avait choisi, c’était un dur, un kickboxeur qui a déjà reçu des coups de pieds, de genoux et de coudes. Grachev est devenu le cauchemar de Roy Jones fils en battant son meilleur espoir en Ismayl Syllakh. On savait qu’il ne tomberait pas.»

«Si on avait pris le combat à la légère, ça n’aurait pas bien été pour nous, a-t-il continué. Lucian ne s’est toutefois jamais senti fatigué, ne serait-ce qu’une seconde. S’il n’avait pas récupéré, il n’aurait jamais pu repousser ce gars-là. J’aurais aimé plus de fluidité, comme il l’a fait au 12e round. Un Lucian qui frappe à deux mains, c’est meilleur qu’un Lucian à une main! Et sa confiance est de retour. Il s’est fait frapper et il est revenu, il a roulé avec les coups. Je lui donne une note de 6 ou 7 sur 10.»

Même son de cloche du côté de Bute (31-1, 24 K.-O.), qui arborait tout de même une coupure à l’arcade sourcilière gauche et quelques ecchymoses.

«C’était tout un combat, mais je suis content de ma performance, a-t-il avancé. Ce n’était pas facile, mais c’était un bon duel contre un adversaire difficile et coriace. C’était aussi une belle expérience; j’avais besoin de faire 12 rounds pour mon avenir. Il m’a cogné quelques fois, mais j’étais en contrôle. Avec Froch, je suis resté dans les câbles sans réagir alors que ce soir, je réagissais bien et je faisais payer mon rival. La tête était là.»

Critiques

Certains membres des médias, tout comme l’équipe de Denis Grachev (12-1-1, 8 K.-O.) ont déploré les pointages des juges après le duel (particulièrement la carte de 118-110 en faveur de Bute). Pour le clan InterBox, les critiques semblent futiles à l’heure actuelle.

«Je n’ai jamais été inquiet du résultat ce soir. Lucian était dans les câbles, mais c’est là qu’il touchait Grachev le plus solidement, a analysé Larouche. Muhammad Ali a passé sa carrière à faire ça. Nous n’enlevons aucun crédit à Grachev. Il a lancé beaucoup de coups, mais il a investi plus qu’il a récolté. Il a été agressif, mais quand il va regarder la cassette, il va comprendre la décision. Nous sommes réalistes, par contre. Les coups de Lucian ne sont pas sortis comme on l’aurait voulu.»

Direction Froch

Si Lucian Bute n’a pu être dominant devant un pugiliste russe peu connu arborant le surnom de «Drago’s Son», plusieurs se demandent comment il paraîtra dans une revanche devant son tombeur, le champion du monde IBF des super-moyens (168 livres), Carl Froch (29-2, 21 K.-O.).

Ce dernier doit d’ailleurs défendre sa couronne contre l’Américain Yusaf Mack, le 17 novembre à Nottingham.

«Lucian est de retour pour de nouveau faire face à Carl Froch et il ne refera pas les mêmes erreurs, a assuré Larouche, homme de confiance du Montréalais d’origine roumaine. Au dernier round contre Grachev, on a vu le vrai Lucian. Et il ne retournera pas en vacances, puisqu’il retournera en camp d’entraînement en Floride dans 10 jours.»

«Froch se bat le 17 novembre contre un boxeur qui cogne dur, mais qui s’écrase en milieu de duel, a-t-il renchéri. On verra comment il va boxer et on regardera la suite. On espère qu’il gagnera son choc contre Mack.»