Dopage: le baseball rattrape son retard

Par Benoit Valois-Nadeau/Agence QMI
Malgré le récent scandale dans le baseball majeur, la spécialiste mondiale dans la lutte anti-dopage Christiane Ayotte refuse de baisser les bras.
La directrice du laboratoire de contrôle du dopage de l'Institut national de la recherche scientifique (INRS) voit plutôt dans les révélations entourant la clinique Biogenesis of America une preuve que la chasse aux tricheurs au baseball est efficace.
«S’il y a eu du retard dans l’implantation de leur programme de dépistage, laissez-moi vous dire que maintenant ils avancent à vitesse grand V! , a-t-elle exprimé lors d’une entrevue avec l’Agence QMI.
«Dans le passé, tout ce que les ligues professionnelles nord-américaines contrôlaient dans le meilleur des cas, c’était les drogues d’abus. À la suite du scandale BALCO et de l’enquête qui a suivi, le baseball majeur a compris qu’il y avait un problème.»
Mardi, le réseau américain ESPN a dévoilé qu’une vingtaine de joueurs, dont Alex Rodriguez et Ryan Braun, pourraient suspendus prochainement en raison de leurs liens présumés avec Tony Bosch. Ce dernier est soupçonné de leur avoir prescrit des stéroïdes à partir de son établissement de Miami.
Certains de ses joueurs, comme Bartolo Colon et Melky Cabrera, ont échoué des tests anti-dopage la saison dernière.
«Ce que je trouve vraiment admirable là-dedans, ajoute Mme Ayotte, c’est comment la MLB, avec le support de l’Association des joueurs, a poursuivi avec force ses investigations après les révélations de l’année passée.»
Celle qui supervise le seul laboratoire canadien accrédité par l’Agence mondiale antidopage (AMA) suit de près les développements de cette histoire.
Et pour cause, c’est elle et son équipe qui analysent les échantillons des joueurs des ligues majeures au labo de l’INRS, à Laval.
La Dr. Ayotte surveille notamment le profil stéroïdien de tous les joueurs du circuit pour noter toute augmentation suspecte.
Une nouvelle façon de faire?
Selon ESPN, le fondateur de la clinique Biogenesis aurait accepté de collaborer avec les enquêteurs des autorités du baseball en échange de l’abandon des poursuites déposées contre lui par la justice américaine en mars dernier.
Cette méthode pourrait s’avérer efficace selon la scientifique québécoise.
«On l’a vu avec l’USADA (l’agence américaine), qui avait fait des ententes avec certains cyclistes pour obtenir plus de témoignages contre Lance Armstrong, notamment. C’est une pratique autorisée par le Code mondiale anti-dopage.
«Si un athlète collabore et aide à démanteler ou à comprendre des réseaux de dopage et à les éradiquer, il peut obtenir une sentence réduite. C’est un peu différent dans le cas de Bosch, mais poursuivre quelqu’un pour avoir de l’information et de façon à ensuite négocier à l’amiable, c’est brillant dans un certain sens.»
Visiblement optimiste, Christiane Ayotte prend sa motivation dans ces petites victoires au cours de cette qui semble parfois perdue d’avance.
«Ce qui me fait plaisir dans tout ça, c’est qu’on réalise de plus en plus que le dopage nuit à l’image du sport. Et l’image dans le sport, ça compte pour beaucoup.»
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